Lorsque les premiers résultats sur l’efficacité du vaccin anti HIV évalué en Thaïlande ont été communiqués en septembre (voir article Docbuzz), les chercheurs parlaient d’une réduction de 31% du risque d’être contaminé. La publication de l’étude dans le New England Journal of Medicine montre que cette interprétation était un peu précoce.
Les chercheurs ont sélectionné 16 402 patients, hommes et femmes, non infectés par le VIH. Ces patients ont été tirés au sort, soit pour recevoir le vaccin soit un placebo dans l’objectif d’évaluer tout d’abord la prévention contre le risque d’infection par le HIV, ainsi que l’effet du vaccin sur la charge virale au début de l’infection, si elle se produisait malgré tout. Le vaccin était constitué de l’association de deux vaccins (Vaccin Sanofi Pasteur+ Vaccin Global solution For Infectious Disease).
La moitié des patients était jugée à faible risque. Un quart était jugé à haut risque. Les conduites à risque était le partage de seringues (1%), la prostitution (0,5%), un travail dans les domaines des loisirs (2,9%), l’absence d’utilisation de préservatif (17,9%) que ce soit avec un partenaire régulier ou occasionnel, des prostituées, ou un partenaire HIV positif connu.
Au total, 12 542 patients ont reçu les 4 injections programmées de vaccin. Sept patients déjà contaminés ont été inclus par erreur dans l’étude, leur infection n’ayant été découverte que plus tard.
Une infection par le HIV a été diagnostiqué chez 132 patients, 56 du groupe vacciné et 76 du groupe non vacciné. Ce résultat montre une réduction du risque de 26% d’être contaminé, résultat qui n’est pas significatif, laissant donc une part trop importante à « la chance », c’est à dire à ce que le vaccin ne soit pas responsable du résultat positif.
Cela apporte une différence sensible par rapport au résultat initialement annoncé. En fait les scientifiques avaient présenté un résultat qui excluait les 7 patients déjà infectés par le virus avant le début de l’étude, ce qui modifiait le résultat et le rendait significatif avec une réduction de 31,2% du risque.
Il n‘y avait pas d’effet du vaccin sur les charges virales.
L’enseignement de cet essai est que ce vaccin peut apporter une protection qui finalement reste très modeste. Il a cependant l’intérêt d’encourager les chercheurs et les patients à poursuivre leurs efforts en montrant qu’une opportunité est peut-être au bout de la route. La prévention reste l’arme à privilégier.
En tout cas, cela nous démontre un fois encore l’importance des publications scientifiques dans l’évaluation réelle des résultats d’études et nous rappelle qu’une vaccination est une chose trop importante pour être appliquée à des populations sans cette analyse critique de la publication. Une histoire à méditer et terriblement d’actualité.
Source
Vaccination with ALVAC and AIDSVAX to Prevent HIV-1 Infection in Thailand
Supachai rerks-Ngarm & al
N Engl J Med 2009; 361
Financements de l’étude: US Army Medical Research, Material Command, National institute of Allergy and Infectious Disease, H.M. Jackson Foundation for the Advancement of Military research, US department of Defense.
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