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Favoriser l’accès aux médicaments dans les pays pauvres augmente le nombre de germes résistants

26 juin 2010
Par Thierry MONOD

Les efforts réalisés pour améliorer la santé dans les pays en développement, par exemple en augmentant la mise à disposition de traitements pour le sida, le paludisme et la tuberculose, ont finalement des effets pervers innatendus : l’accélération de la résistance à ces médicaments entraînent de nombreux décès et augmente le coût des traitements. Si la résistance que développent les agents infectieux à un traitement est une évolution adaptative logique, par des méthodes de mise à disposition et d’utilisation inadaptées des traitements, nous accélérons finalement ce phénomène.

Le dernier rapport du Center for Global Developpement, un organisme indépendant basé à Washington, met en garde le monde entier : nous sommes en train de perdre une bataille contre les maladies les plus fréquentes telles que la dysenterie, et les infections respiratoires qui conduisent à des pneumonies mortelles.

Les pays développés souffrent eux aussi de plus en plus de résistance aux antibiotiques : le staphylocoque aureus méticilline résistant par exemple, représente dorénavant 50% des infections à staphylocoques aux Etats-Unis contre seulement 2% il y a 30 ans. Il y a dorénavant plus de morts liés à ce staphylocoque résistant que de morts liés au virus HIV.

Le rapport presse l’OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé, d’inverser cette négligence vis-à-vis des résistances aux traitements, négligence qui dure depuis des décennies. Cette prise de conscience doit être réalisée par tous, gouvernements, hôpitaux, industrie pharmaceutique, pharmacies, et patients.

Au cours de ces dernières années, les gouvernements et les associations caritatives ont permis de multiplier par 10 l’accès aux traitements anti-HIV et par 8 l’accès aux traitements  anti-palludéens, même chose pour les traitements de la tuberculose. Le présent rapport démontre un lien très fort entre l’accélération de l’accès aux médicaments dans les pays en développement et l’emergence de résistances à ces traitements au sein de ces pays. Dans certains de ces pays qui consomment le plus d’antibiotiques, 75 à 90% des streptococcus pneumonia, agents de la pneumonie, qui peut être mortelle, sont devenus résistants aux antibiotiques. Résultats, les infections respiratoires tuent 3 millions d’enfants chaque année, et le paludisme 2 millions. En Amérique du sud, 80% des agents de la dysenterie sont dorénavant résistants aux traitements. Et quand ces traitements de premières ligne ne sont plus efficaces, les alternatives thérapeutiques sont beaucoup plus coûteuse et requierent un suivi médical beaucoup plus strict. Traiter un patient d’une tuberculose résistante coûte le prix de 200 traitements d’une tuberculose non résistante.

Cette résistance des agents infectieux est devenue mondiale et réclame une réponse coordonnée au niveau mondiale.

Qu’est-ce qui accélère la résistance des agents infectieux? C’est en fait un mélange de problèmes technologiques, d’utilisation inappropriée des médicaments, de système de santé à l’abandon, de mauvaise qualité des médicaments et de sur-utilisation d’antibiotiques dans l’agriculture et l’élevage.

La réponse doit donc être collective. Les fabriquants de médicaments doivent garantir que leurs produits sont sains et efficaces, les gouvernements doivent réguler leur mise sur le marché, leur fabrication, et leur distribution, et améliorer la surveillance. Les donneurs et les organisations philanthropiques doivent vérifier que leurs efforts pour améliorer l’accès aux médicaments dans les pays en développement sont accompagnés de mesures de suivi de l’efficacité thérapeutique, l’OMS doit faire de la lutte contre les résistances aux traitements une de ses priorités, et finalement, les prescripteurs et les patients doivent utiliser les médicament de manière la plus appropriée possible.

Tout le monde doit maintenant être attentif aux résistances médicamenteuses et la receherche et le développement de nouveaux agents anti-infectieux doit être favorisée.

Source

Center for Global Developpement : combating drug resistance
June 15, 2010

Crédit Photo Creative Commons by luvmonkey

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Commentaires

Un commentaire à “Favoriser l’accès aux médicaments dans les pays pauvres augmente le nombre de germes résistants”

  1. Les tweets qui mentionnent Favoriser l’accès aux médicaments dans les pays pauvres augmente le nombre de germes résistants | DocBuzz - l'autre information santé -- Topsy.com dit :

    [...] Ce billet était mentionné sur Twitter par analienfeed_, Bill Boquet, Bill Boquet, Agnès Maillard, djtarek et des autres. djtarek a dit: Favoriser l’accès aux médicaments dans les pays pauvres augmente le nombre de germes résistants http://j.mp/bJBqBm [...]

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