Mercredi 15 décembre 2010
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Haïti : Le rapport accusateur du Pr Piarroux mis en ligne

Le journal le Monde a mis en ligne le rapport français du Pr Piarroux désignant les casques bleus Népalais comme la source de l’épidémie de choléra qui a frappé Haïti. La mission s’est déroulée du 7 au 27 novembre 2010. Elle avait pour objectifs d’analyser le fonctionnement de l’épidémie et de mettre sur pied un système d’information épidémiologique permettant de suivre l’épidémie au jour le jour afin d’adapter les activités de lutte.

Des tuyaux d’élimination des sanitaires des soldats de l’ONU se jettaient directement dans la rivière Arbonite :

La provenance des premiers cas et la contamination des prisonniers de la prison de Mirebalais ne laissent aucun doute sur le rôle joué par l’affluent de l’Artibonite circulant au dessous du camp dans la contamination des premiers cas”.Enfin, le rapport écrit et l’interrogatoire des habitants de Meille confirment que des tuyaux, aujourd’hui retirés, avaient été installés pour évacuer les eaux usées du camp vers la rivière. Lors de l’entretien que j’ai pu avoir avec les médecins qui avaient été dépêchés par la MINUSTAH, le 21 octobre, j’ai eu indirectement confirmation de la présence de ces tuyaux, puisque ces médecins ont indiqué qu’un prélèvement environnemental (qui s’est avéré négatif) avait été effectué au débouché de ces tuyaux. Lors de l’entretien avec le représentant du secrétaire général de l’ONU et avec l’état major de la MINUSTAH, nous avons recherché si une autre explication, même improbable, pouvait être avancée pour expliquer la survenue soudaine de cette épidémie de choléra. Aucune autre hypothèse n’a pu être trouvée pour expliquer le démarrage d’une épidémie de choléra dans ce village de Meille, un village épargné par le séisme du début de l’année et situé à des dizaines de kilomètres de la côte et des camps de sinistrés.”

C’est la contamination de la rivière Arbonite qui explique la dissémination rapide du choléra :

“ C’est pourtant cet évènement, la contamination massive du fleuve Artibonite sur tout son delta, qui a donné son caractère explosif à l’épidémie, fait unique dans l’histoire récente du choléra, et entraîné les ravages constatés dans les jours suivants”.(…)”La simultanéité de la contamination d’un si grand nombre de personne, ayant en commun de vivre ou de travailler dans le delta de l’Artibonite, ne peut être expliquée par une transmission interhumaine exclusive. En effet, même dans un espace urbain, le choléra met des semaines pour diffuser dans tous les quartiers à risque.”

La fuite des habitants vivant à proximité de l’Arbonite suite aux premiers décès à permis au choléra de diffuser même dans les régions montagneuses :

“Nombre d’habitants de ces communes travaillaient en effet dans les rizières et sur les chantiers routiers de l’Artibonite et ont pris la fuite lorsqu’ils ont été confrontés à la flambée épidémique meurtrière des 19, 20 et 21 octobre. Malheureusement, ces communes sont particulièrement mal desservies en structures sanitaires et en accès à l’eau potable. Il en a résulté la survenue successive de petites épidémies, touchant un village après l’autre, peu spectaculaires quant aux effectifs de malades dénombrés, mais extrêmement meurtrières”

Le rapport recommande de donner une suite judiciaire à la catastrophe sanitaire qui a déjà tué 2200 personnes:

Il faut “susciter une enquête judiciaire sur les origines et le développement de l’épidémie car même si l’enquête épidémiologique ne laisse pas de doute sur ce qu’il s’est passé, elle n’est pas formatée pour établir les responsabilités des uns et des autres”

Le rapport recommande que l‘envoi de troupes étrangères tienne compte des risques biologiques

Il faut “revoir au plus vite les procédures de contrôle qui auraient pu éviter cette catastrophe biologique, en particulier celles relatives à la surveillance médicale des troupes intervenant dans des missions de l’ONU et celles relatives aux installations sanitaires (latrines, évacuation des excrétas) des camps hébergeant ces troupes”.

Pour l’instant l’état français se refuse à commenter ce rapport.

Source

Rapport de mission sur l’épidémie de choléra en Haïti Professeur Renaud Piarroux

Crédit Photo Creative Commons by British Red Cross.

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