Mercredi 29 décembre 2010
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Mozart : 140 causes de décès et 27 troubles mentaux

Le décès de personnalités historiques créé parfois une énigme voire une légende. Il en est ainsi de Mozart, mort en décembre 1791. Une récente publication a réitéré l’hypothèse que Mozart soit décédé d’un syndrome néphritique causé par un streptocoque, une bactérie. Il existe des suppositions selon lesquelles, à son décès Mozart présentait d’un oedème sévère. Pourtant quatre témoins qui ont assisté au décès du musicien et qui l’ont relaté, n’ont constaté aucun oedème. Guldener, un médecin de Mozart qui ne l’avait cependant pas soigné durant sa dernière maladie, et qui a vu le cadavre de Mozart, a souligné l’aspect ordinaire du cadavre, sans noter le moindre oedème. La belle-soeur de Mozart, Sophie Haidel,  parle elle d’un oedème des extrémités.

Ce n’est pas un cas isolé. 140 causes de décès possibles ont été proposées pour expliquer le décès de Mozart. Pourtant Mozart n’est mort qu’une fois.De nombreux auteurs  ont favorisé l’hypothèse  d’un évènement aiguë tel qu’une grippe, une infection par un staphylocoque, un streptocoque, diverses septicémies, une scarlatine, une rougeole, une fièvre typhoïde ou parathyphoïde, un typhus, une tuberculose, une trichinose, etc. C’est en 1905 que Barraud propose  l’hypothèse d’une glomerulonéphrite, une maladie inflammatoire des glomérules rénaux. Schoental, un expert en micologie, penche pour un empoisonnement par une mycotoxine, Drake, un neurochirurgien,  évoque un hématome sousdural après avoir examiné un crâne qui n’est en fait pas celui de Mozart, Ehrlich, un rhumatologiste, pense à une maladie de Behcet, Langegger, un psychiatre, propose qu’il soit décédé d’un mal psychosomatique, Brown, un cardiologue, proclame une endocardite, une infection des valves du coeur. Sur la base d’une erreur de traduction, Rapopport diagnostique une hématome cérébral. Ludewig, un pharmacien, propose comme explication un empoisonnement au plomb par le biais de vin frelaté. Pour certains, Mozart était cachectique et hyperthyroïdien, pour d’autres obèse et hypothyroïdien. Le contexte historique fait également varier les hypothèse : en 1936, un meurtre par des juifs, des francs maçons, ou des jésuites, est soutenu par le psychiatre Ludendorff.

En médecine, on cherche à atteindre un diagnostic à partir de symptômes. En histoire de la médecine, tous les faits sont déjà présents et doivent alors s’accommoder au diagnostic proposé. Celui de fièvre rhumatismale a été considéré avec attention, comme celles d’une défaillance rénale ou cardiaque. Mais la préférence doit aller au plus simple et au plus commun des diagnostics, car plus une pathologie est rare, plus sérieux doivent être les éléments qui pourront la conforter de manière historique. Les diagnostics les plus probables sont une grippe, une fièvre typhoïde ou parathyphïde, qui furent parmi les premières hypothèses avancées. Même en l’absence de nouveaux faits, il y a de l’avenir pour tous ceux qui voudront attacher leur nom à une nouvelle spéculation historique.

La plupart des 27 pathologies psychiatriques attribuées à Mozart rélévent d’une accentuation volontaire de problématiques communes; de simples soucis deviennent des idées paranoïdes, une simple tristesse se transforme en dépression, une joie devient une hypomania, des jeux linguistiques, une jargonophasie, et un simple frisson, une convulsion. Sous la plume de certains médecins, Mozart se transforme en maniaco-dépressif, en joueur pathologique, il a des troubles de la personnalité, un syndrome d’hyperactivité et de déficit de l’attention, bref, tout un étalage de pathologies psychiatriques lui sont attribuées, provoquant une longue tradition de diffamations médicales dont le film Amadeus est l’une des plus récente traduction cinématographique. Au XIXème siècle, Mozart était décrit comme de nombreux génies, mentallement et physiquement dégénéré, présentant des signes d’atavismes.

Ce phénomène est le némésis médical de Mozart, couvrant l’intention de faire descendre de son piédestal un exceptionnel créateur. Dans son ouvrage le neveu de Rameau, Diderot  faisait dire à son personnage à propos des personnes d’exception “Je n’ai jamais entendu louer un seul d’entre eux sans que cela ne me rend secrètement furieux. Je suis rempli de jalousie. Quand j’entends quelques histoires dégradantes sur leur vie privée, je les écoute avec plaisir. Cela me rend plus proche d’eux. Cela m’aide à supporter ma médiocrité avec plus de facilité”.

S’il y a bien un seul musicien dans toute l’histoire de la musique qui était mentallement sain, c’est bien Mozart, avec probablement Joseph Haydn.

Amadeus : la mort de Mozart

Source

Mozart’s 140 causes of death and 27 mental disorders
Lucien R Karhausen, retired (former officer of the Commission of the European Communities)
BMJ 2010; 341:c6789

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