mercredi 13 avril 2016

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99% des femmes enceintes testées positives à de nombreux produits chimiques y compris des produits interdits (US)

Toutes les femmes enceintes américaines sont contaminées par de multiples produits chimiques, y compris certains interdits dans ce pays depuis 1970. On retrouve ainsi les produits chimiques utilisés pour fabriquer des ustensils de cuisine non adhérents, ceux utilisés dans la fabrication des nourritures industrielles ainsi que d’autres utilisés dans les produits de beauté, révèle une étude de l’USCF. C’est la première fois qu’est comptabilisés le nombre de produits chimiques différents que peut receler le corps d’une femme jeune, qui plus est enceinte.

Quels sont les produits chimiques recherchés par les scientifiques?

Les scientifiques ont lancé la détection de 163 produits chimiques appartenant à 12 classes chimiques chez 286 femmes enceintes représentatives de la population américaine. En particulier, ils ont voulu décompter le nombre de dérivés chimiques issus :
des polybromodiphényléther (PBDE) : ils comptabilisent 209 produits chimiques bromés différents, dont certains sont ou ont été utilisés pour ignifuger les produits plastiques et les textiles. Les effets toxiques observés chez l’homme sont une réduction de la spermatogenèse et de la production de sperme, une augmentation du risque de cancers des cellules germinales, et de cancer du sein, des effets critiques sur le foie et le développement neurocomportemental altèrant le comportement moteur, l’apprentissage et la mémoire. Ils peuvent affecter le développement intellectuel des jeunes enfants, avec une chute de QI comparable à celle induite par une faible dose de plomb.

– des hydrocarbures perfluorés (PFC) : Les PFC font partie des six principaux gaz à effet de serre inscrits sur la liste du Protocole de Kyoto. Ils étaient utilisés dans les climatiseurs, les réfrigération et certains extincteurs. Ils sont de plus en plus utilisés comme agent antiadhésif (instruments de cuisine) et comme imperméabilisants ou agents anti-tache sur les textiles et tapis. Ils peuvent être présents dans les emballages alimentaires (fast-food) .

– des produits organochlorés utilisés comme pesticides : Ils sont retrouvés dans certains pesticides, insecticides, fongicides. Le plus connus est le DDT. Les viandes animales, la volaille et le poissons sont souvent contaminés, les organochlorés s’accumulant alors chez les consommateurs de ces produits.

– des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) :  ces produits montrent une forte toxicité. Ils peuvent être produits par le chauffage au bois, et les véhicules diesels. Certains sont cancérigènes.

– des polychlorobiphényles (PCB) : constituent une famille de 209 composés aromatiques organochlorés. Ils ont été massivement utilisées des années 1930 aux années 1970 comme lubrifiant, pour la fabrication des transformateurs électriques, condensateurs, ou comme isolateurs dans des environnements à très haute tension (THT) en raison de leur relative ininflammabilité et de leurs excellentes caractéristiques diélectriques. La plupart des PCB sont des cancérogènes probables, des perturbateurs endocriniens et/ou des inducteurs enzymatiques susceptibles de perturber le métabolisme.

– des perchlorates : ils sont disponibles commercialement sous la forme de divers sels. Ils sont également utilisés dans les munitions d’armes à feu, les missiles, les roquettes et les feux d’artifice. Ces utilisations diverses des perchlorates expliquent en partie comment ils se sont répandus dans la nature jusqu’à en devenir un problème environnemental important dans certaines régions du monde. Ils ont un effet inhibiteur  sur l’absorption de l’iode contenue dans le sang par la thyroïde, pouvant générer une hyothyroïdie.

– Du bisphénol A (BPA) : il est utilisé pour rendre les plastiques dur et transparents. On le retrouve à l’intérieur des canettes de boissons, à l’intérieur des boites de conserves, dans de nombreux plastiques alimentaires. L’exposition prénatale au bisphénol A peut affecter le développement cérébral, altérer la maturation sexuelle chez le garçon et être responsable de cancers plus tard au cours de la vie expliquent les chercheurs.

– Des phthalates : ils sont couramment utilisés dans les matières plastiques (en particulier le PVC) pour les rendre plus souples. On les retrouve dans les cosmétiques et produits de soin personnel, le matériel médical, les jouets et produits destinés aux enfants, les emballages alimentaires sans oublier les sex-toys.

– Des métaux lourds : plomb, mercure, cadmium…

Qu’est-ce que les chercheurs ont mis en évidence?

Huit des douze classes chimiques ont été retrouvées chez 99% des femmes enceintes : des PFC, des PBDEs, des PCBs, des pesticides organochlorés, des phenols, des phthalates, des PAHs, et du perchlorate. En moyenne 6 pesticides organochlorés,  6 PBDEs, 4 PFCs and 9 phthalates différents ont été retrouvées chez chacune des participantes.

Parmi ceux-ci, les PBDE, des composés chimiques utilisés comme inifugeurs, sont interdits, tout comme le DDT, un presticide organoschlorés également interdit dpuis 1972. Le bisphénol A a été retrouvé chez 96% des femmes enceintes.

L’étude n’avait pas pour but de relier produits chimiques et effets sur la santé mais plusieurs produits chimiques ont été mesurés à des concentrations qui sont celles ayant montré un effet délétère chez les enfants, comme les phtalates (troubles reproductif chez les garçons), le mercure (retard de développement cérébral), les PBDEs (altération du développement neurologique), , et les PCBs (troubles thyroïdiens). Par ailleurs, “le cumul de nombreux produits ayant un effet délétère commun a un effet bien supérieur à la simple addition des effets des produits pris individuellement” explique le Pr Woodruff, du département des sciences de la reproduction de l’UCSF.

Ces produits chimiques ont la capacité de traverser le placenta, et d’atteindre le foetus. Ils peuvent être retrouvés dans le liquide amniotique, le sang du cordon et le méconium. L’exposition de l’enfant à ces produits pendant la grossesse, augmentent non seulement le risque d’avortements et de prématurités mais a aussi un impact sur l’enfant par la suite, sans oublier les conséquences pour la mère, expliquent les auteurs.

Ces résultats indiquent plusieurs directions d’actions. D’abord, des études supplémentaires doivent identifier les sources de contamination à ces produits chimiques et apporter des informations sur leurs conséquences sur la santé humaine, en particulier au cours de la reproduction” explique le Pr Wooddruff, “et ensuite, alors que chaque personne aura la capacité de prendre des mesures de protection dans sa vie de tous les jours, un changement radical et durable ne pourra intervenir que par une vraie politique proactive de protection contre ces produits chimiques” conclue t-il.

Source

Environmental Chemicals in Pregnant Women in the US: NHANES 2003-2004
Tracey J. Woodruff, Ami R. Zota, Jackie M
Schwartz.Environmental Health Perspectives, 2011; DOI: 10.1289/ehp.1002727

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