Dimanche 22 juin 2014

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La maladie de Chagas, “le nouveau Sida Américain”

Des millions d’américains sont atteints par la maladie de Chagas, une pathologie finalement mortelle, pour laquelle il n’existe pas de vaccin et dont le traitement est complexe. Dans un éditorial de la revue PLOS Neglected Tropical Disease, des scientifiques américains, experts en maladies tropicales, poussent un cri d’alarme, comparant cette épidémie à celle du Sida.

La maladie de Chagas, du nom du médecin brésilien, Carlos Chagas, qui la décrivit en 1909, encore appelée trypasonomiase américaine, est une pathologie transmise par les déjections d’une punaise hématophage, appellé localement vinchucas, qui abrite le parasite dans ses intestins. Elle peut également être transmise par des transfusions, par voie transplacentaire (16 000 cas/an), par le lait maternel ou par la nourriture. Avec 10 millions d’individus atteints, c’est la maladie “négligée” qui tue le plus en Amérique, en particulier en Amérique Latine et dans les caraïbes. Mais la maladie migre et de plus en plus de descriptions de cas d’infections à  Trypanosoma cruzi, le pathogène de la maladie, sont faites aux Etats-Unis et en Europe : Ce début de “mondialisation” de la pathologie a déjà entrainé entre 300 000 et 1 million de cas aux Etats-Unis, touchant les Etats du sud comme le Texas et la côte sud, et des milliers de cas sont documentés au Canada, en Europe, en Australie et au Japon. En France, selon l’INVS quelques dizaines de cas de maladie de Chagas ont déjà été détectés, et la maladie  risque d’émerger en Guyane. Le risque transfusionnel qui pouvait exister a nécessité la mise en place de mesure de détection lors des dons du sang.

La maladie de Chagas se développe en deux phases : une phase aiguë où apparait un nodule sur la peau à l’endroit de la porte d’entrée infectieuse, une fièvre, et surtout une atteinte cardiaque dite myocardite. Elle peut aussi être sans aucun signe. Puis des années, après la maladie va se révéler, la parasite ayant atteint le cœur (cardiopathie), le système digestif (troubles de la déglutition, dilatation de l’oesophage, dilatation du colon) et le système nerveux (troubles neurologiques, démence). L’atteinte la plus sévère est la cardiopathie qui touche plus d’un patient sur 4 soit à ce jour 3 et 5 millions d’individus. Elle entraine des arythmies, une insuffisance cardiaque, un risque de mort subite par fibrillation ventriculaire, tachycardie ou embolie artérielle.

Les auteurs de l’éditorial comparent maladie de Chagas et Sida : les pathologies sont chroniques, nécessitant un traitement long, couteux et pas toujours efficace, la maladie de Chagas est une maladie de la pauvreté tout comme le Sida en particulier dans ses 20 premières années, de nombreux malades n’ont qu’un accès restreint aux soins, les traitements sont difficiles à obtenir et plusieurs pays comme le Paraguay ou la Bolivie font face à des rupture de stock de benznidazole, les malades sont stigmatisés, elles ont toutes deux émergées comme des maladies liées à la transfusion sanguine et à la transmission mère-enfant, enfin la maladie de Chagas possède peu de traitements disponibles, tout comme le Sida dans ses premières années.

Il est donc urgent de lancer plusieurs programme de contrôle de cette maladie mortelle afin d’améliorer la production et la distribution des médicaments existant (benznidazole, nifurtimox), contrôler le vecteur de la maladie (les punaises hématophages), améliorer la formation des personnels sanitaires dans les zones contaminées, lancer des programmes de recherches de traitements efficaces de maladie du coeur ainsi que des traitements utilisables chez la femme enceinte chez laquelle les traitements existant sont contre-indiqués. Un vaccin reste également indispensable. Différents organismes sont au travail mais il est nécessaire, pour éliminer la maladie de Chagas que l’ensemble des organismes gouvernementaux et les agences de santé internationales collaborent efficacement réclament les auteurs.

Source

Chagas Disease: “The New HIV/AIDS of the Americas”
Peter J. Hotez, Eric Dumonteil, Laila Woc-Colburn,Jose A. Serpa, Sarah Bezek, Morven S. Edwards,Camden J. Hallmark, Laura W. Musselwhite, Benjamin J. Flink, Maria Elena Bottazzi
PLoS Negl Trop Dis 6(5): e1498

Crédit Photo Creative Commons by  OmarCerna

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