vendredi 10 février 2017

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Aspirine : le risque de saignements revu à la hausse

Une étude menée chez près de 400 00 patients, dont la moitié prenait de l’aspirine, réévalue à la hausse le risque de saignements : il serait en fait 5 fois plus important que précédemment identifié. Elle révèle par ailleurs, sur ce risque nouvellement revu à la hausse, que la prise d’aspirine accroit encore de 55% le risque de saignements gastro-intestinal et intracrânien. L’étude est publie dans la revue médicale JAMA.

L’aspirine est un traitement très prescrit en prévention des complications cardiovasculaires : elle est prescrite après un accident cardiaque par exemple pour en éviter sa répétition, où chez le patient diabétique dès lors que leur risque cardiovasculaire est élevé. On estime que pour 10 000 patients traités, l’aspirine évitera 250 évènements cardiovasculaires mais provoquera 40 hémorragies, soit un bénéfice supérieur au risque. En revanche, les études ayant évalué, l’intérêt de prendre de l’aspirine avant la survenue d’un accident cardiovasculaire n’ont retrouvé qu’un bénéfice modeste, 2 accidents grave évités pour 1 saignements provoqué.

L’aspirine est un antiagrégant plaquettaire qui fluidifie le sang et évite la formation de caillots sanguins ; mais son inconvénient résulte de cet avantage, elle  augmente le risque de saignements. Ces saignements, s’ils sont supposés rester rares, peuvent être graves en particulier s’ils surviennent au niveau cérébral ou gastro-intestinal. Sachant que la prise d’un médicament qui possède de tels effets secondaire doit apporter aux patients des bénéfices supérieurs aux risques, des scientifiques italiens ont tenté, au sein dune vaste population de consommateurs d’aspirine, d’extraire ce rapport bénéfice/risque.

La base de donnée de départ incluait 4,1 millions de patients italiens parmi lesquels les scientifiques ont identifié 186 425 patients recevant une faible dose d’aspirine quotidienne (<300 mg/jour) et 186 425 autres patients qui n’en prenaient pas et servaient de groupe comparateur. C’est parmi ces patients que les scientifiques ont analysé les bénéfices et les risques de la prise d’aspirine à faible dose pendant 6 ans.

Les patients sélectionnés avaient une hypertension artérielle traitée (57%), un diabète (15%), un antécédent d’évènement cardiaque (2%).

Les scientifiques déterminent que la prise d’aspirine exposait à un risque de saignement plus élevé :

le risque de saignement était de 5,6 cas pour 1000 patients traités/an contre 3,6 dans le groupe non traité par aspirine : Ainsi, l’aspirine accroit de 55% le risque de saignement digestif et de 54% le risque de saignement intra crânien.

La prise conjointe d’un autre antiplaquettaire multipliait le risque de saignement par 2,6 en comparaison avec ceux ne prenant que de l’aspirine, et par 2 si l’aspirine était prise avec un autre anticoagulant. Les scientifiques retrouvent également un risque de saignement accru chez les patients prenant des anti inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

Il existe également une différence en fonction de l’âge : le risque de saignement était multiplié par 3 chez les patients de moins de 50 ans traités par aspirine mais il augmente également chez les patients les plus âgés.

D’autres groupes de patients sont identifiés comme plus à risque de saignements : Les patients déjà hospitalisés pour une pathologie gastro-intestinale ont un risque accru de saignement, ainsi que les hommes, les hypertendus et les patients ayant un antécédent cardiaque

– Les patients diabétiques avaient un risque de saignement déjà plus élevé que la population non diabétique avant même toute prise d’aspirine : le risque de saignement était de 5,3 cas pour 1000 patients traités et par an dans la population diabétique contre 3,3 pour 1000 patients traités et par an dans la population non diabétique. Un patient diabétique a donc, sans prise d’aspirine un risque de saignement digestif augmenté de 59% et de saignement intracrânien augmenté de 64%. Il est alors important de constater que la prise d’aspirine dans cette population de patients diabétique n’accroit pas plus ce risque de saignement.

En revanche, le risque de saignement était réduit chez les patients prenant une statine (-29%) ou un protecteur gastrique (inhibiteur de la pompe à proton).

Cette étude démontre tout d’abord que le risque de saignements est bien plus élevé que précédemment notifié : auparavant estimé à 0,10% chez les patients traités par aspirine et 0,07% dans la population générale non traitée par aspirine, le suivi de cette population de presque 400 000 personne permet d’identifier un risque 5 fois plus élevé de saignements chez ceux prenant de l’aspirine à faible dose comme chez ceux n’en prenant pas. Cependant ce risque plus élevé modifie peu le rapport bénéfice risque qui reste, au niveau global toujours favorable dans le cadre d’une prévention secondaire des évènements cardiovasculaires.

Par ailleurs, cette étude révèle que le risque de saignement lié à la prise d’une aspirine quotidienne est augmenté de 55%, soit un excès de 2 patients pour 1000 traités/an.
Elle démontre par ailleurs que le risque de saignement est élevé chez les patients diabétiques, chez qui l’aspirine n’accroit pas le risque remettant en question l’intérêt d’une prescription antiplaquettaire dans cette population où la fonction plaquettaire est déjà altérée.
Les scientifiques concluent que la prescription d’aspirine doit être correctement pesée au regard des différentes catégories de patients puisque le risque diffère de manière importante pour chacun. 

Source

Association of Aspirin Use With Major Bleeding in Patients With and Without Diabetes
Giorgia De Berardis, MSc; Giuseppe Lucisano, MSc; Antonio D’Ettorre, MSc; Fabio Pellegrini, MSc; Vito Lepore, MD; Gianni Tognoni, MD; Antonio Nicolucci, MD
JAMA. 2012;307(21):2286-2294. doi:10.1001/jama.2012.5034

Hemorrhagic Complications Associated With AspirinAn Underestimated Hazard in Clinical Practice?
Jolanta M. Siller-Matula, MD, PhD
JAMA. 2012;307(21):2318-2320. doi:10.1001/jama.2012.6152

Crédit Photo Creative Commons by  RogueTess

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