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L’efficacité des vaccins contre la grippe sérieusement remise en question par un rapport américain

Selon un rapport publié par un organisme américain indépendant, le CIDRAP (Center for Infectious Disease Control and Policy) de l’Université du Minnesota, la protection apportée par les vaccins contre la grippe saisonnière, est largement exagérée sinon erronée. Pour en arriver à cette conclusion, les scientifiques se sont basés sur une revue exhaustive de plus de 12 000 études publiées entre 1967 et 2012 et plus d’une centaine d’entretiens avec des experts du domaine. L’efficacité supposée des vaccins contre la grippe repose donc sur une croyance entretenue plus que sur des faits scientifiques patents. Cette perception erronée est par ailleurs un obstacle majeur à la poursuite des travaux nécessaires à la préparation d’un vaccin véritablement efficace, concluent les auteurs.

Bien que les scientifiques reconnaissent une efficacité modeste à la vaccination contre la grippe chez les jeunes adultes en bonne santé, c’est à dire ceux qui font rarement des complications suite à une infection grippale, “les preuves d’une efficacité protectrice chez les adultes de plus de 65 ans (qui représentent 90% des décès liés à la grippe) manque : La preuve d’une “protection de haut niveau est introuvable” écrivent les auteurs.

Après avoir conjointement analysé les recommandations issues du Comité Consultatif Fédéral des Pratiques d’Immunisation, un organisme qui émet des recommandations d’experts destinées au puissant Center for Disease Control (CDC) américain, dont les prises de position sont ensuite souvent considérées comme parole d ‘évangile à travers le monde, le rapport cite 30 avis pour lesquels les recommandations “n’appliquaient pas les règles de rigueur scientifiques standards…et ne citaient pas de travaux scientifiques les confirmant”; le rapport cite une étude hollandaise référencée par le Center for Disease Control comme une preuve de l’efficacité vaccinale, qui était en fait était sérieusement sujette à caution puisqu’il s’agissait en fait d’un travail financé et réalisé à la demande d’un tiers (“sales job” dans le texte).

Le rapport constate que dans le cadre d’un effort visant à réduire la morbidité et la mortalité liées à la grippe, les  recommandation gouvernementales pour une couverture vaccinale antigrippale étendue, ont souvent été fondées sur le jugement de professionnels et non sur des données scientifiques solides. En particulier, chez les personnes les plus à risques, chez qui les vaccins sont gratuits mais financés par la collectivité, il apparait selon le rapport que«ces vaccins n’offrent un niveau de protection ni homogène ni élevé en particulier chez les personnes à risque de complications médicales ou ceux âgés de plus de 65 ans“.

Par rapport à la plupart des vaccins actuellement recommandés, la protection apportée par les vaccins contre la grippe est beaucoup plus faible. Selon les chercheurs, l’efficacité du vaccin contre la grippe chez les adultes en bonne santé a été fréquemment citée comme pouvant atteindre 70% à 90% des vaccinés : ”Le problème avec ces statistiques», déclarait le Dr Osterholm, un des auteurs, c’est que ” la plupart des travaux dont ces pourcentages sont extraits sont des études ayant une mauvaise méthodologie scientifique et des résultats cliniques mal déterminés”, le plus grave étant que, lorsque les études avaient une méthodologie optimale, elles ne retrouvaient pas ce niveau de protection attribuée aux vaccins actuels contre la grippe.

En outre, les chercheurs ont constaté qu’il y a 30 ans, les agences gouvernementales ont commencé à élargir les recommandations vaccinales sur la base du concept d’«avantage indirect», ou, en d’autres termes, dans l’objectif de protéger indirectement les personnes à risque qui viendrait en contact avec une grande partie de la population. Puis, de 1999 à 2010, ont été ajoutés progressivement des sous-groupes de populations à ces recommandations, aboutissant à une recommandation universelles de la vaccination, une recommandation uniquement basée sur des avis d’experts ou d’organisations spécifiques  sans aucune preuve de l’efficacité du vaccin pour cette stratégie (qui a vu son aboutissement en 2009, ou tout le monde devait recevoir le vaccin, NDLR).

Après avoir examiné les études d’efficacité de 1967 à 2012, les scientifiques constatent que les vaccins anti grippaux trivalents inactivés injectables (VTI) :

• Protègent les adultes en bonne santé de 18 à 64 ans à un taux d’environ 59 pour cent,
• Manquent de preuves cohérentes de protection chez les enfants âgés de 2 à 17 ans,
• Ne possèdent que des preuves incohérentes vis-à-vis de la protection des adultes de 65 ans et plus,

Un examen des études d’efficacité de 1967 à 2012 évaluant l’efficacité du vaccin contre la grippe administrée par pulvérisation nasale d’un virus vivant atténué (LAIV):

• Protège les jeunes enfants de 6 mois à 7 ans à un taux d’environ 83 pour cent,
• Manque de preuves cohérentes de protection chez les adultes de 60 ans et plus,
• Manque de preuves de protection chez les personnes de 8 à 59 ans.

Cette dénonciation scientifique du manque d’efficacité du vaccin contre la grippe n’est pas la première. Plusieurs revues Cochrane, un organisme indépendant qui compile les publications afin de valider ou non un concept scientifique ou thérapeutique, la vaccination contre la grippe n’a démontré comme bénéfices chez l’enfant, l’adulte, la personne âgée, ou les personnels de santé, une simple diminution des arrêts maladies chez les adultes sains et une protection vis-à-vis de quelques symptômes chez ceux qui en avaient le moins besoin, les adolescents et les adultes en bonne santé.

En plus des problèmes inhérents à ce manque d’efficacité, ces chiffres sont, selon les chercheurs du CCIVI, problématiques car ils mettent en évidence un des principaux obstacles au développement de nouveaux vaccins antigrippaux : la perception que les vaccins antigrippaux actuels sont déjà très efficace alors que ce n’est pas le cas.

Le rapport plaide pour le développement d’une prochaine génération de vaccins contre la grippe capable de protéger les personnes les plus à risque de maladies graves et de décès dans le but de réduire l’impact global de la prochaine pandémie grippale. Les auteurs réclament que de réelles preuves scientifiques valident dorénavant l’efficacité du vaccin antigrippal et que seuls ces résultats validés deviennent la pierre angulaire des recommandations de politique de santé publique. Ils ne recommandent pas l’arrêt de la vaccination actuelle, la seule arme disponible.

Mais selon le Pr Peter Doshi, de l’université John Hopkins, les organismes officiels de santé “risquent de perdre toute crédibilité à continuer à promouvoir la fiction que les recommandations vaccinales sont fondées sur des preuves solides. Elles ne le sont pas, et il est temps pour ces organismes de santé publique de faire leur propre évaluation “.

Source

The Compelling Need for Game-Changing Influenza Vaccines: An Analysis of the Influenza Vaccine Enterprise and Recommendations for the FutureMichaelT. Osterholm, Nicholas S. Kelley, Jill M. Manske, Katie S. Ballering, Tabitha R. Leighton, Kristine A. Moore
CIDRAP, 2 octobre 2012

Belief not science is behind flu jab promotion, new report says
Jeanne Lenzer
BMJ 2012;345:e7856

Influenza vaccination for healthcare workers who work with the elderly
Thomas RE, Jefferson T, Lasserson TJ
Cochrane Summaries Published Online:  September 8, 2010

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