Des chercheurs de la London School of Hygiene and Tropical Medicine démontrent dans une étude publiée dans la revue Plos One, qu’un répulsif très utilisé, le N,N-diethyl-m-toluamide ou DEET, commercialisé sous différents noms, perd très rapidement toute efficacité répulsive : après un seul contact, les moustiques ignorent son effet.
Le N,N-diethyl-m-toluamide (DEET) est le répulsif le plus utilisé dans le monde. Son intérêt a été mis en évidence au cours de la seconde guerre mondiale dans le pacifique. Il était encore utilisé par les soldats américains au cours de la guerre du Vietnam. Son utilisation s’est répandue dans le monde entier au cours des 60 dernières années. Il reste aujourd’hui l’un des répulsifs les plus utilisés avec l’IR 3535, l’icaridine, les extraits de plantes à la citronnelle ou les huiles essentielles. Le DEET était aussi jusqu’alors considéré comme le répulsif le plus efficace sur le marché et était recommandé dans les zones à risque où les moustiques risquent de transmettre la dengue, le chikungunya ou le paludisme.
Si des essais en laboratoire avaient montré initialement une efficacité répulsive de 100% du DEET, récemment, des tests réalisés sur le terrain montraient que certains moustiques l’ignoraient totalement. Par exemple, il a été montré que des populations de moustiques d’Aedes aegypti, le pourvoyeur de la dengue et du chikungunya, y sont devenues insensibles, et que d’autres insectes sensibles au départ s’adaptaient et finissaient par s’y habituer.
L’étude publiée dans la revue Plos One a été menée chez des moustiques femelles A. aegypti, afin d’évaluer les effets d’une exposition au DEET sur leur comportement. L’appât était un bras humain recouvert de DEET. Si les femelles moustiques évitent le bras lors de la première présentation à cause du répulsif, lors d’une seconde présentation quelques heures plus tard, elles ne semblent plus y être sensibles et n’hésitent plus à aller se nourrir de sang humain.
C’est l’odeur du DEET qui repousse les moustiques. Or les scientifiques mettent en évidence par des mesures électro physiologiques menées aux niveau des antennes des moustiques femelles, que le premier contact avec le DEET entraine une modification de leur système olfactif : leur sens de l’odorat se modifie, entrainant l’inefficacité du répulsif.
Si préalablement il avait été montré qu’une adaptation génétique des moustiques pouvait les rendre insensible au répulsif, cette nouvelle expérimentation montre une adaptation trop rapide pour être liée à une quelconque modification génétique.
Le DEET a donc une efficacité limitée d’une durée de quelques heures et des moustiques préalablement exposés peuvent ne plus du tout y être sensible. Ces résultats posent la question de l’utilité de ces répulsifs massivement utilisés par les hommes dans les zones à risque. La recherche de nouveaux produits efficaces doit donc reprendre.
Source
Aedes aegypti Mosquitoes Exhibit Decreased Repellency by DEET following Previous Exposure
Nina M. Stanczyk,John F. Y. Brookfield, Linda M. Field,James G. Logan mail
Plos One Février 2013
Crédit Photo Creative Commons by jentavery
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