vendredi 18 décembre 2015

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Alcool, tabac, diesel…: la santé publique s’effondre en France

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Ca y est, malgré la loi Evin, qui a peut-être retardé les choses, les lobbies de l’alcool et leurs alliés, hommes politiques et publicitaires y sont parvenus ; l’alcool est devenu la première cause d’hospitalisation en France : cirrhoses, comas éthyliques, troubles psychiatriques liés à l’alcool, hépatites, conduisent 400 000 français et françaises à être hospitalisés chaque année, soit plus de 1000 hospitalisations par jour. La vente de l’alcool reste, grâce à ces soutiens, largement sans restriction, il reste permis de boire avant de prendre un volant, et les publicitaires trouvent le moyen de poursuivre leur travail de promotion impunément, en adaptant habilement leurs discourt et iconographies à la loi Evin. Toute tentative de restriction ou d’encadrement est immédiatement détruite par les lobbys de l’alcool, très puissants dans notre pays.

Alors que les finances de la sécurité sociale sont depuis des années dans le rouge, cette alcoolisation massive de la population a des conséquences sanitaires majeures puisque selon cette analyse, l’alcool cause 2 fois plus d’hospitalisations que le diabète ou les maladies cardiovasculaires réunies. L’alcool a diffusé largement dans notre société impactant massivement les jeunes et les femmes, cibles marketing encore épargnées il y a plus de 20 ans. Au total, le nombre d’hospitalisations a augmenté de 30% en seulement 3 ans.

Si l’alcoolisme était principalement masculin avec des conséquences survenant à un âge mûr, les nouvelles victimes sont jeunes : l’alcoolisation massive est devenu courante, permise, facile et les atteintes organiques, pancréatiques ou hépatiques, diagnostiquées à moins de 30 ans sont couramment observées.

Pour le tabac, l’addition est différentes mais sociétalement massive : bien que 70 à 80 000 français soient balayés par le tabac chaque année, il reste en vente libre. A un moment où nos concitoyennes sont prêtes à renoncer à un médicament contraceptif exposant à un sur risque de phlébites, risque dénoncé par nos brillants hommes et femmes politiques, le tabac en vente libre a de quoi faire sourire. Mais qui veut affronter le lobbies des cigarettiers, ou la confédération des buralistes, dont les 27500 points de vente de leurs adhérents sont sponsorisés annuellement à coût de millions comme le détaillait récemment un rapport de la cours des comptes ? Le tabac entraine une mortalité par cancer très élevé. Diagnostiqué chez 1 fumeur sur deux, 90% en mourront en moins de 5 ans. Mais le tabac, ce n’est pas que le cancer, c’est également une cause de maladies cardiovasculaires, d’infarctus, d’accidents vasculaires cérébraux, d’artériopathies oblitérantes, de surinfections pulmonaires, d’insuffisances respiratoire, sans omettre le tabagisme passif pouvant être la cause de 18% des cas d’asthme chez un enfant respirant la fumée émise par ses parents. Une étude espagnole récente estimait qu’un paquet de cigarette à 5 euros avait en fait un coût sociétal de près de 150 euros. 36% de la population française fume et la lutte contre le tabagisme reste totalement inefficace en France ainsi que le souhaitent les cigarettiers et leurs soutiens politiques. Et pour être sûr que les fumeurs le restent, les produits de lutte contre le tabac ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale et la ligne info tabac service reste payante. Un travail bien organisé.

Autre cause massive de mortalité, la pollution aux hydrocarbures : le diesel a enfin été récemment pointé du doigt alors que ses avantages fiscaux, ont permis de créer le premier parc automobile diesel au monde. Au cours du salon de l’automobile de Genève,  A. Montebourg a même hautement déclaré que l’air rejeté par les diesels est « un air sain ». Pourquoi lutter contre la pollution au dioxyde d’azote et aux microparticules 2,5 et 10 ppm alors que nos industries automobiles en dépendent? Cette pollution ne tuerait que 45 000 français par an : elle accroit le risque de décès cardiovasculaire, le risque de décès par trouble respiratoire et par cancers. Une nouvelle étude menée dans 10 grandes villes Européenne, dont plusieurs villes françaises, mené dans le cadre de l’essai EPHAKOM et publiée en mars 2013 dans la revue European Respiratory Journal démontre que la pollution automobile créé des nouveaux cas d’asthme chronique chez les enfants : au total la pollution automobile est responsable de la genèse de 14% des d’asthme.  Il était identifié depuis longtemps que pollution automobile et asthme étaient liés. Mais jusqu’à présent, il était prétendu que la pollution ne faisait qu’aggraver des asthmes existants alors qu’une autre étude confirmait que les  jeunes enfants de moins de 4 ans subissaient plus de crises d’asthme lorsqu’ils étaient exposés à un air pollué par les rejets automobiles.

D’aucun prétendront que chacune de ces pratiques,  s’alcooliser, fumer, rouler en diesel sont  des attributs de la liberté individuelle. C’est oublier que chacune de ces actions individuelles, une fois démultipliées par le nombre d’individus y recourant, possède un poids sociétal massif, couteux en vie humaine et financements sanitaires secondaires. Ne pas lutter contre ses phénomènes pour préserver une production vinicole, des emplois industriels dans l’automobile ou des bar-tabac dans des zones rurales est un leur électoraliste et démagogique dont la valeur économique est bien en deçà du coût sanitaires des conséquences engendrées par cet aveuglement.

Sources

SFA – Société Française d’Alcoologie

L’alcool, première cause d’hospitalisation en France
Le Monde.fr |  • Mis à jour le 

Chronic burden of near-roadway traffic pollution in 10 European cities (APHEKOM network
Laura Perez
European Respiratory Journal Published online before print March 21, 2011

Les politiques de lutte contre le tabagisme
Cours des Comptes
13 décembre 2012

Crédit Photo Creative Commons by Wade Brooks

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