vendredi 20 mai 2016

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Passer un scanner peut provoquer un cancer

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Une étude australienne publiée dans la revue Anglaise The British Medical Journal démontre que les scanners ne sont pas inoffensifs mais peuvent augmenter jusqu’à 26% le risque de cancer, en particulier le risque de cancer cérébral.

Si les scanner ont un intérêt médical qui ne peut être remis en cause, leur utilisation de plus en plus importante depuis les années 1980 pose néanmoins la question du risque de survenu d’un cancer généré par l’irradiation qu’ils provoquent.

Un scanner entraine une irradiation comprise entre 5 et 50 mGy des organes observés. Récemment un suivi de 180 000 jeunes patients anglais ayant bénéficié d’un scanner entre 1985 et 2002, retrouvait un risque accru de leucémies et de cancers du cerveau, corrélé au degré de rayonnements irradiants reçus. Des scientifiques Australiens, un pays où le nombre de scanners par habitant est parmi les plus importants de la planète, ont voulu estimer à nouveau ce risque de cancer à partir d’une population très importante de 680 000 patients ayant bénéficié de scanner entre l’âge de 0-19 ans. Un groupe de patients n’ayant pas eu de scanner servait de groupe comparateur.

La population totale analysée regroupait 10,9 millions de personnes : 680 000 avait eu un scanner (6,2%), le reste de la population formait le groupe comparateur. Après des années de suivi, 3150 patients ayant eu un scanner avaient déclaré un cancer ainsi que 57 524 de patients n’ayant pas eu de scanner. Globalement le risque de cancer n’était pas identique : les patients ayant eu au moins une fois un scanner avaient un risque augmenté de 24% de déclencher un cancer. Le risque n’est cependant pas augmenté pour tous les types de cancers. C’est le cancer du cerveau qui est retrouvé comme le risque principal. Le risque de cancers digestifs, de mélanome, de cancers des organes génitaux féminins, des lymphomes hodgkinien ou non, des cancers urinaires ou de la thyroïde étaient également augmentés. En revanche, les scientifiques ne retrouvait pas de risque accru de leucémie ou de cancer du sein. En valeur absolue, 608 cancers avaient été provoqués par les scanners au sein de la population des 680 000 patients analysés.

15 ans après un scanner l’incidence du cancer du cerveau était toujours accrue. De même, et cela pour tous les types de cancers cités, le risque est encore accru lorsque les patients avaient moins de 5 ans lors de leur scanner. Le risque déclinait en revanche avec l’âge de la première exposition aux irradiations de l’appareil. Le risque est le même chez les filles et les garçons. Logiquement, plus le scanner est concentré sur un organe, plus le risque de cancer de cet organe augmente.

Les scientifiques estiment qu’un cancer sera provoqué pour chaque 1800 scanners effectués. Ce chiffre est beaucoup plus important pour les cancers du cerveau puisqu’ils estiment qu’un cancer du cerveau est provoqué pour chaque 4000 scanners réalisés.

Un scanner n’est donc pas un examen anodin : il peut provoquer un cancer chez un patient surtout les plus jeunes et ce cancer peut n’apparaitre que des années plus tard. A ce jour, combien de patients sont réellement informés de ce risque avant de bénéficier d’un scanner ? Combien de parents sont avertis de ce risque lorsque leur enfant va passer un scanner ?

Actuellement, le nombre annuel de scanner est toujours en augmentation, ce qui générera dans plusieurs années une augmentation des cancers. Il est indispensable, écrivent les auteurs, que les médecins estiment les bénéfices et les risques à chaque prescription d’un scanner et qu’ils soient bien certains du bénéfice qu’en tirera le patient. Par exemple, des scanners cérébraux sont réalisés en routine après un léger traumatisme cérébral ou devant une suspicion d’appendicite : dans ces cas peut-être qu’un IRM ou une échographie devraient être préférée.

« Il est opportun de signaler à la communauté scientifique dans son sens le plus large, y compris les médecins non radiologues qui prescrivent la majorité des scanners, des risques potentiels » concluent les auteurs, «Toutes les parties, y compris les patients et les familles, doivent discuter ensemble pour que l’on soit certain que l’utilisation du scanner est réservé à des situations où il existe une indication clinique précise et pour laquelle chaque scanner est optimisé, fournissant une image utile au diagnostic à l’aide de la dose de rayonnement la plus faible possible ».

Source

Cancer risk in 680 000 people exposed to computed tomography scans in childhood or adolescence: data linkage study of 11 million Australians

John D Mathews, Anna V Forsythe, Zoe Brady, Martin W Butler, Stacy K Goergen, Graham B Byrnes, Graham, G Giles, Anthony B Wallace, Philip R Anderson, Tenniel A Guiver, Paul McGale, Timothy M Cain, James G, Dowty, Adrian C Bickerstaffe, Sarah C Darby

BMJ 2013;346:f2360

Crédit Photo Creative Commons by  Official U.S. Navy Imagery

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