vendredi 20 mai 2016

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Future Maman? La pollution par le diesel et les métaux lourds double le risque d’autisme

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La pollution atmosphérique, majoritairement causée par les automobiles et les poids lourds en de nombreux endroits du territoire et particulièrement en ville, est-elle un des phénomènes expliquant l’augmentation exponentielle de l’autisme dans nos sociétés? C’est en tout cas ce que suggère une étude publiée le 18 Juin 2013 dans la revue « Environmental Health Perspectives » : les femmes enceintes vivant dans des zones où le niveau de pollution est élevé ont un risque double d’avoir un enfant autiste en, comparaison à des femmes enceinte de même âge vivant dans un endroit non pollué.

L’autisme est un trouble du développement neurologique qui se caractérise par une altération des qualités de communication et de comportement social débutant avant l’âge de trois ans. Si son étiologie reste encore mal comprise, les expositions environnementales au cours de la grossesse ont été impliquées dans la genèse de l’autisme par plusieurs études publiées en 2005, 2007 et 2009.

L’air pollué contient de nombreux agents polluants connus pour affecter les fonctions neurologiques et/ou pour avoir des effets négatifs sur les enfants in utero selon l’agence de protection de l’environnement américaine (2010).

Les polluants ayant un lien retrouvé/suspecté avec l’autisme sont les suivants : les métaux lourds (antimoine, arsenic, cadmium, chrome, plomb, mercure, manganèse et nickel), les produits chimiques (styrène, trichloroéthylène, chlorure de méthylène) et les polluants automobiles, en particulier les microparticules rejetées par les moteurs diesel.

Par ailleurs, des études récentes ont trouvé un lien entre le niveau de pollution dans lequel est plongé un enfant juste après la naissance et le risque pour lui de développer un autisme.

Des scientifiques américains ont voulu determiner si ce risque exitait dès la conception de l’enfant et donc au cours de sa vie intra-utérine. Pour cela ils ont realisé une étude cas-témoin, c’est à dire comparé chez un groupe de femmes ayant eu un enfant autiste (325) et un groupe de femmes ayant eu un enfant non autiste (22 101), si le fait d’habiter une zone polluée influençait ce risque de naitre autiste. La pollution des zones habités par les mamans à été reconstruite grace à des données locales.

Tous les résultats obtenus ont été ajustés à la plupart des risques connus pour aggraver l’autisme comme le niveau d’éducation maternel, l’âge de la mère, etc..

Les résultats confirment que plus l’air est pollué plus le risque de donner naissance à un enfant autiste est important : globalement ce risque est multiplié par deux chez les femmes enceintes les plus exposées à la pollution.

Les scientifiques observent que ce risque augmente régulièrement à mesure qu’augmentent dans l’air la concentration des particules diesel, du plomb, du manganese, du chlorure de méthylène, de mercure ou de nickel.

En particulier, chez les 20% de femmes les plus exposées, le diesel et le mercure étaient les deux polluants les plus fortement associés à l’augmentation du risque d’autisme chez les enfants nouveau-nés, que ce soient des garçons ou des filles, une donnée aggravante pour ces polluants sachant que le risque d’autisme est normalement 5 fois moindre chez une fille que chez un garçon. En comparaison aux 20% de femmes les moins exposées à ces deux polluants, les plus exposées avaient donc deux fois plus de risque que leur enfant naisse autiste.

Le scientifiques estiment que ces données confirment la dangerosité du diesel, déjà mis en accusation dans une étude précédente qui montrait que plus les femmes enceintes habitaient proche d’une voie à fort trafic, plus le risque d’autisme était important : “Cette étude et la nôtre, qui utilisait différentes méthodes de mesures, suggèrent ensemble que la pollution de l’air lié au trafic automobile peut augmenter le risque d’autisme” écrivent-ils.

Et concernant les métaux lourds capables d’atteindre les fonctions cérébrales de l’enfants, comme le plomb, le manganèse, le mercure et le nickel, le risque de donner naissance à un enfant autisme augmente de 20 à 60% en fonction du degré d’exposition des mamans enceintes. Une augmentation linéaire du risque de donner naissance à un enfant autiste est retrouvé pour le cadmium, le plomb, le manganèse et le nickel. Ce risque est retrouvé également pour le le chlorure de méthylène.

Si une étude cas-témoin ne représente pas une  preuve scientifique formelle, cette étude retrouvant à nouveau un lien fort entre autisme et pollution, qu’il s’agisse de métaux lourds ou de la pollution automobile, est un nouveau cri d’alerte face à l’incapacité actuelle et à l’absence de désir politique de réguler cette pollution. Récemment, un ministre de l’actuel gouvernement n’a t-il pas declare au salon automobile de genève que les moteurs diesels rejettaient un “air propre”?

Réduire le risque d’autisme ne fait pas parti du plan autisme récemment mis en avant par notre gouvernement. Quand agira t-on? Doit t-on attendre qu’un enfant sur 50 naissant dans notre pays soit autiste, un chiffres que les Etats-Unis viennent d’atteindre?

Source

Perinatal Air Pollutant Exposures and Autism Spectrum Disorder in the Children of Nurses’ Health Study II Participants
Andrea L. Roberts1, Kristen Lyall2,3, Jaime E. Hart4,5, Francine Laden4,5,6, Allan C. Just5, Jennifer F. Bobb7, Karestan C. Koenen8, Alberto Ascherio2,5,6, and Marc G. Weisskopf
Environ Health Perspect; DOI:10.1289/ehp.1206187

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