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La e-cigarette plus efficace que les autres techniques pour arrêter de fumer

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La cigarette est la cause la plus importante de morts prématurées dans notre pays et l’arrêt du tabagisme réduit rapidement le risque de cancer des poumons, de maladies cardiovasculaires, d’accident vasculaire cérébral et de toutes maladies respiratoires chroniques. Il est donc très important de tout faire pour aider les fumeurs à arrêter cette addiction. Actuellement, les patchs de nicotine, ou les médicaments d’aide au sevrage tabagiques comme le buproprion ou la varenicline facilitent l’arrêt du tabac surtout en complément à un programme d’aide sans pour autant être très efficaces. De nouvelles techniques seraient donc utile : la e-cigarette en fait-elle partie? C’est à cette question qu’ont voulu répondre des scientifiques italiens.

Ces e-cigaretes sont apparues pour la première fois en 2004 en Chine. Elles ont l’aspect d’une cigarette normale et permettent l’inhalation de nicotine sans l’ensemble des toxiques contenus dans le tabac, la rendant donc, selon les auteurs, à bien moindre risque. Ces scientifiques italiens ont déjà étudié les bénéfices de la e-cigarette chez des gros fumeurs ayant réussi à arrêter de fumer grâce à elle. Plus récemment, une autre étude d’une durée de 6 mois, a montré, chez 40 fumeurs n’ayant aucune intention d’arrêter, qu’elle permettait de réduire de manière importante la consommation de tabac. Pour l’instant les autorités de santé mettent en place une régulation sur des bases incertaines montrant la nécessité que plus d’études soient réalisées sur l’intérêt de la e-cigarette afin que ces décisions des autorités soient basées sur la science et non sur des spéculations argumentent encore les auteurs.

Les scientifiques ont recruté 300 patients qui fumaient plus de 10 cigarettes par jour, depuis au moins 5 ans et qui ne souhaitaient pas arrêter de fumer, mais éventuellement réduire leur consommation. Trois groupes étaient formés : le premier recevait des e-cigarettes avec des cartouches de nicotine de 7,2 mg pour 12 semaines, le second des cartouches de nicotine de 7,2 mg pour 6 semaines et de 5,4 mg pour 6 semaines et le troisième groupe, des cartouches sans nicotine.

Les participants du premier groupe fumaient en moyenne 19 cigarettes par jour, 21 dans le deuxième groupe et 22 dans le troisième. Douze semaines après le début de la e-cigarette, leurs consommations avaient chutée à 11, 10 et 12 cigarettes par jour et à 52 semaines restaient en moyenne à 12, 10 et 12 cigarettes par semaine. En excluant les participants qui avaient complètement arrêté de fumer, la consommation moyenne à 12 semaines étaient de 12, 10 et 12 cigarettes  par jour et de 15, 15 et 13 à 52 semaines. Les scientifique mettent également en évidence une réduction significative de l’intoxication au CO des fumeurs.

Le taux d’abandon du tabac à 12 semaines était de 11%, 17% et 4% puis à 52 semaines de 13%, 9% et 4%. Ainsi, au total, 14% des fumeurs des deux premiers groupes ont arrêté de fumer, soit 28 participants sur 200 dont seulement 7 poursuivaient encore la e-cigarette à la fin de l’étude. A titre de comparaison, la varenicline montrait un taux d’abstinence de 9,5% par rapport à un placebo chez des fumeurs désireux d’arrêter.

Avant le début de l’étude, les symptômes les plus fréquemment évoqués par les participants étaient la toux (26%), une bouche sèche (22%), une respiration courte (20%), des irritations de la gorge (17%) et des maux de tête (17%). Tous ces symptômes ont été significativement réduits au cours de l’étude et, par exemple, la respiration courte a chuté à 4%. Il est par ailleurs important de noter que les classiques effets secondaires enregistrés au cours des études évaluant d’autres systèmes d’arrêt du tabac, comme la faim, l’insomnie, l’irritabilité, l’anxiété ou la dépression, étaient très rares dans cette étude.

Le développement de la e-cigarette reste un sujet controversé. Pourtant il est dorénavant démontré que la e-cigarette réduit la consommation de cigarettes de plus de 50% et favorise l’abstinence totale, réduisant également l’intoxication des participants par le CO. La réduction du nombre de cigarettes quotidiennes était indépendant de la teneur en nicotine de la e-cigarette, un résultat inattendu pour les auteurs, propre à remettre en question le rôle que la nicotine joue réellement dans la dépendance et suggérant que d’autres facteurs, en particulier le rituel associé à la cigarette et à sa manipulation, pourraient jouer. Contrebalançant ce résultat, le nombre de participants ayant réellement arrêté de fumer était en revanche corrélé au taux de nicotine dans la cartouche de la e-cigarette.

Les résultats obtenus par cette étude chez des fumeurs non désireux d’arrêter le tabac sont impressionnants au regard de ce qui est aujourd’hui considéré comme aide à l’arrêt du tabac avec en plus une réduction des symptômes liés au tabac et une très bonne tolérance. En plus, 73% des abstinents avaient complètement arrêté la e-cigarette à la fin de l’étude démontrant que l’on ne passe pas d’une addiction à une autre, un argument mis en avant par les opposants à la e-cigarette.

A l’heure où tout doit être fait pour favoriser l’arrêt du tabac et alors que notre pays est le cancre des pays Européens en matière d’efficacité dans sa lutte contre le tabac, les récentes régulations contre l’utilisation de la e-cigarette apparaissent scientifiquement infondées à la lumière de ces nouveaux résultats. La e-cigarette pourrait devenir l’outil le plus efficace dans la lutte contre le tabagisme et peut-etre que demain une société mettra en place les études nécessaires pour obtenir un remboursement de cet outil prometteur.

Source

EffiCiency and Safety of an eLectronic cigAreTte (ECLAT) as Tobacco Cigarettes Substitute: A Prospective 12-Month Randomized Control Design Study

Pasquale Caponnetto, Davide Campagna, Fabio Cibella, Jaymin B. Morjaria, Massimo Caruso, Cristina Russo, Riccardo Polosa
PLoS ONE 8(6): e66317. doi:10.1371/journal.pone.0066317

Crédit Photo Creative Commons by planetc1

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