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Il y a urgence à relancer la recherche de nouveaux antibiotiques

07 juin 2010
Par Thierry MONOD

Comment concerver l’efficacité des antibiotiques existant tout en en développant de nouveaux? La présidence de l’Union Européenne, tente de formuler des incitations à la recherche et au développement de nouvelles thérapies anti-infectieuses.

Une task force Américano-Européenne devra définir plus précisément des règles d’utilisations des traitements antibactériens, les préventions indispensables contre les résistances bactériennes et les stratégies pouvant améliorer l’arrivée de nouvelles molécules sur le marché.

Aux Etats-Unis le traitement des infections bactériennes à germes resistants coûte 2 milliards de dollars et 1,5 milliards en Europe, sans parler des baisses de productivité. La tuberculose tue 2 millions d’hommes chaque années, la typhoide 200 000 et les résistances aux traitements se multiplient, nécessitant l’utilisation de stratégies thérapeutiques de plus en plus couteuses.

La task force a pour objectif  de developer 10 nouveaux antibactériens avant 2020, un lourde tache quand on sait qu’il faut environ 10 ans à un laboratoire pharmaceutique pour développer une molécule.

Même avec beaucoup de bonne volonté, ce développement de 10 nouvelles molécules ne sera pas simple. La recherche en infectiologie a été laissée à l’abandon depuis de nombreuses années. Une fois les brevets des antibiotiques tombés dans le domaine public, la recherche privée en infectiologie, domaine extrêmement coûteux, a peu à peu disparue. Et la recherche publique n’a jamais été capable de développer de tels projet. Et les génériqueurs dorénavant principaux producteurs des antibiotiques n’ont ni les infrastructures ni le souhait ni même les moyens de se lancer dans de telles opérations.

Les incitations au développement d’un outil de recherche en maladie infectieuse doivent donc être fortes, d’autant plus que ces nouvelles molécules seront immédiatement réclamées par des pays aux moyens financiers limités et pour les populations les plus pauvres de la planète. La rentabilité des investissements est tellement faible qu’un médicament efficace contre la tuberculose résistante, la cyclosérine, a été offert par un géant de la pharmacie qui l’avait découvert, à un génériqueur pour que sa production industrielle puisse avoir lieu. Ces nouvelles molécules devront donc être extrêmement abordable. Mais, le financement n’est pas le seul obstacle. C‘est toute la chaine de validation qui doit être revue, afin que les fonctionnaires des différentes administrations ne bloquent pas des dossiers d’approbation pendant des années comme c’est actuellement souvent le cas dans de nombreux pays du monde.

Aujourd’hui, la recherche en maladie infectieuse et en particulier la recherche de nouvelles molécules efficaces est moribonde. Or les besoins en nouveaux agents antiinfectieux deviennent de plus en plus prégnants. Si un premier pas consiste à mettre en place des stratégies internationales visant à limiter les résistances bactériennes et à éviter les utilisations abusives ou inutiles d’antibiotiques, des mesures incitatives doivent être prises par les états. La task force Américano-Européenne doit définir rapidement cette nouvelle stratégie. Il y a urgence.

Source

Tackling antibiotic resistance : concerted action is needed to provide new technologies and conserve existing drugs
Anthony D So,Neha Gupta, Otto Cars
BMJ 2010;340:c2071

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