lundi 18 avril 2016

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Le virus de la polio du singe menace l’homme

L’Organisation Mondiale de la Santé en collaboration avec l’Unicef a lancé en 1998, il y a 12 ans l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite dans le monde. Le nombre de cas de poliomyélite signalés chaque année a diminué de plus de 99 pour cent – passant de 350 000 cas en 1988 à 1625 en 2008. Pourtant si ce virus qui infectait l’être humain et surtout les enfants n’effectue plus que de rares poussées comme au Tadjikistan en 2010. D’autres virus similaires, infectant certains mammifères, commencent à être de plus en plus retrouvés chez l’homme. Le vaccin contre la poliomyélite est efficace contre ces virus mais la vaccination prophylactique a été suspendue.

Les virus de la poliomyélite infectent le système nerveux central, et provoquent une méningite chez 1% des être humains contaminés pouvant entraîner une poliomyélite antérieure aiguë avec une paralysie flasque des jambes.

Une étude suggère que le virus de la poliomyélite du singe profite de cette absence de vaccination qui laisse l’être humain de nouveau à la merci de cette famille virale. Au Congo, la consommation de viande de brousse et en particuliers de singes et d’écureuils contaminés est la source des infections humaines constatés par les scientifiques dont les découvertes sont publiés dans la revue médicale PNAS.

Les scientifiques ont surveillé 9 zones du Congo afin d’identifier l’émergence de la poliomyélite du singe. En seulement 2 ans, ils ont confirmé 760 cas d’infection soit une fréquence de 5,3 cas pour 10 000 habitants pouvant même atteindre 14 cas pour 10 000 habitants dans la zone la plus touchée. Ces chiffres sont 20 fois supérieures à ceux retrouvés lors d’une surveillance identique menée dans les années 1981 à 1986 dans les mêmes zones

Si la contamination interhumaine n’est pas encore établie, pour les scientifiques, chaque nouvelle infection offre au virus la capacité de muter pour devenir une virus transmissible entre êtres humains. Les scientifiques retrouvent que les personnes les plus à risque sont les garçons de moins de 15 ans, vivant à proximité des forêts et n’étant pas vaccinés contre le virus de la poliomyélite humaine. Lors de la surveillance dans les années 1980, 87% de la population était vaccinée contre moins de 24,5% aujourd’hui.

L’émergence de cas humains de la poliomyélite du singe pose un sérieux problème de santé publique pour la population de la République Démocratique du Congo mais aussi pour le monde entier. En 2003, 90 cas ont été diagnostiqués aux Etats-Unis. La recherche de la source de l’infection a montré qu’en fait des rongeurs infectés et importés du Ghana avaient contaminé des chiens de prairies qui avaient eux-même contaminé des êtres humains. Si le virus arrive à s’adapter à des espèces locales, l’émergence d’une nouvelle épidémie sera difficile à contrôler.

L’interruption de la vaccination contre le virus de la poliomyélite entraîne l’absence de protection immunologique d’une partie de plus en plus grande de la population mondiale. Si les pays riche ont anticipé après 2001 une attaque bio-terroriste utilisant le virus de de la poliomyélite en stockant des millions de vaccins, les pays pauvres sont eux démunis, et personne ne se préoccupent pour l’instant de l’émergence des autres poliovirus tel que celui de la poliomyélite du singe. Les scientifiques plaident pour une vaccination rapide des populations à risque afin que le développement du virus de la poliomyélite du singe soit elle aussi éradiquée.

Source

Major increase in human monkeypox incidence 30 years after smallpox vaccination campaigns cease in the Democratic Republic of Congo
Anne W. Rimoin, Prime M. Mulembakani, Sara C. Johnston, James O. Lloyd Smith, Neville K. Kisalu,Timothee L. Kinkela, Seth Blumberg, Henri A. Thomassen, Brian L. Pike, Joseph N. Fair, Nathan D. Wolfe, Robert L. Shongo, Barney S. Graham, Pierre Formenty, Emile Okitolonda, Lisa E. Hensley, Hermann Meyer, Linda L. Wright, Jean-Jacques Muyembe
Proceedings of the National Academy of Sciences, online August 30, 2010.

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