Lundi 24 juin 2013
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Machines à sous, les joueurs pathologiques sont des dépressifs qui s’ignorent

Pour de nombreux joueurs de jeux d’argent, c’est la recherche de sensations fortes qui stimule l’addiction, en particulier chez les plus jeunes. Pourtant cela serait différent pour les joueurs de machine à sous. Une équipe française du laboratoire de psychopathologie de l’université Paris-Descarte de Boulogne-Billancourt a voulu étudier les recherches de sensations pratiquées par ces joueurs et les éventuels troubles psychologiques qui les accompagneraient.

Les joueurs ont été recrutés dans la salle des machines à sous du casino d’Enghein. Ils ont accepté de participer à plusieurs questionnaires. Le questionnaire permettant de caractériser la recherche de sensations forte comporte par exemple 40 items cernant la recherche de dangers et d’aventures, la recherche d’expériences nouvelles, la désinhibition, et la susceptibilité à l’ennui. Les scientifiques cherchaient également à évaluer l’existence d’une dépression ou d’une alexithymie. L’alexithymie est un trouble de la personnalité retrouvé dans les conduites de dépendance comme le jeux, fréquent chez les joueurs pathologiques. L’alexithymie désigne les difficultés dans l’expression verbale des émotions : elle se caractérise par une difficulté à identifier les sentiments, à les différencier des sensations corporelles provenant des émotions, une difficulté à décrire ses sentiments et à les communiquer aux autres.

64 joueurs ont accepté de participer à l’étude. 45 étaient des joueurs réguliers. 27 d’entres eux se sont révélés être des joueurs pathologiques contre seulement 1 parmi les 19 joueurs occasionnels. Ce dernier jouait en fait occasionnellement aux machines à sous, mais fréquemment aux jeux de grattages, aux courses et au loto.

37 des participants étaient des femmes. La majorité des joueurs étaient mariés, travaillaient et étaient d’un niveau socio-économique moyen à élevé.

Ls scientifiques retrouvent que 44% des joueurs pathologiques présentent une alexithymie, et 28% des occasionnels. Ce score est plus élevé que ce qui est retrouvé parmi les adeptes desubstances psychoactives ou d’alcool Ces joueurs pathologiques ont en moyenne commencé à jouer plus tardivement que les occasionnels, mais ont développé des problèmes de jeux très rapidement. Ils dépensent significativement plus d’argent lors de chaque session de jeux, environ 600 euros à chaque fois. Ce ne sont pas la recherche de sensation forte qui les anime.

L’alexithymie est trés liée à une dépression qui la favoriserait, elle serait un mécanisme de défense face à des affects perturbateurs. Une dépression sous-jacente apparaît selon les auteurs comme le meilleur facteur permettant d’identifier un trouble addictif.

Les joueurs de machine à sous s’adonnent à un jeu passif dans lequel le sujet n’a pas d’implication puisque le jeu ne nécessite que peu d’attention ni aucune habileté particulière. Ils ne recherchent pas de sensations fortes et sont vulnérables émotionnellement, le jeu apparaissant pour échapper à des difficultés, soulager une humeur triste, voire camoufler une dépression. Ils ont en effet un score de dépression élevé et souvent une alexithymie qui lui est liée. Le jeu est ici une échappatoire, une tentative de rendre plus supportable des émotions que le joueur est incapable de gérer. Cependant l’étude ne permet pas de dire si la dépression était préexistante à la dépendance au jeu ou si elle en est une conséquence.

Source

Joueurs de machines à sous dans la population française : étude de la dépression de l’alexithymie et de la recherche de sensations
C. Bonnaire,  I. Varescon, C. Bungener
Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique Volume 168, Issue 5, June 2010, Pages 350-356

Crédit Photo Creative Commons by Brad Stabler

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