Mardi 3 mai 2011
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Centre de stockage de déchets radioactifs dans l’Aube : combien de morts par cancers ?

Le Centre de stockage de déchets radioactifs de faible et de moyenne activité à vie courte de l’Aube (CSFMA) a été créé en 1992 par l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra). Il s’agit du plus grand centre de stockage en surface de déchets radioactifs dans le monde.Il est localisé sur le territoire des communes de Soulaines-Dhuys, Epothémont et Ville-aux-Bois, à proximité du département de la Haute-Marne. Cette installation nucléaire de base est autorisée à stocker un million de mètres cubes de déchets sur une superficie de 30 hectares. Il s’agit essentiellement de déchets liés à la maintenance (vêtements, outils, filtres…) et au fonctionnement des installations nucléaires (traitements d’effluents liquides ou filtration des effluents gazeux). Il réceptionne l’ensemble des déchets radioactifs produits en France, de faible et moyenne activité (FMA) à vie courte, c’est-à-dire dont la radioactivité décroît de moitié en 30 ans. Les matériaux stockés peuvent également provenir d’opérations d’assainissement et de démantèlement de ce type d’installations. Depuis 2006, le CSFMA est autorisé à rejeter des effluents radioactifs gazeux et liquides dans l’environnement en application du décret n°95-540 du 4 mai 1995. il doit fonctionner une soixantaine d’années. Concernant l’impact radiologique du site,  la page Wikipédia qui lui est consacrée stipule que ” L’absence d’impact significatif du centre a été corroborée par une étude menée en 2007 par l’ARCO pour le compte de la commission locale d’information”.

Au regard de ces éléments, de nombreuses interrogations ont été soulevées par les riverains sur les conséquences sanitaires de ces rejets radioactifs dans l’environnement. En 2006, des élus et des riverains du CSFMA ont sollicité l’Institut de veille sanitaire (InVS) afin de réaliser une “étude épidémiologique axée sur les pathologies liées à la radioactivité”.

Il s’agit d’une étude écologique de type géographique fondée sur des données de mortalité et de morbidité pour différentes localisations cancéreuses.

L’étude porte sur un ensemble de pathologies cancéreuses définies après discussion avec le Comité de suivi de l’étude et inclut notamment des pathologies pour lesquelles un lien avec l’exposition aux rayonnements ionisants est clairement établi dans la littérature scientifique : Chez l’adulte (âgé de 15 ans et plus), les pathologies cancéreuses étudiées sont : les cancers “toutes localisations”, les leucémies, les lymphomes malins non Hodgkiniens, la maladie de Hodgkin, les myélomes multiples ainsi que les tumeurs malignes primitives de l’ensemble “trachée, bronches, poumon, plèvre”, des os, des seins, de l’estomac, du côlon et du rectum, du foie, des reins, du système nerveux central et de la thyroïde. Chez l’enfant, l’analyse porte sur les cancers “toutes localisations” et les leucémies.

Le CSFMA est localisé dans le département de l’Aube et à proximité de la Haute-Marne (figure 1). La zone d’étude est définie par l’ensemble des 431 communes des départements de l’Aube et des 432 communes de la Haute-Marne, soit un total de 863 communes.

Du fait de la faible densité de population autour du CSFMA, il a été décidé de retenir l’ensemble des communes, dans un rayon de 15 km autour du centre de stockage

La distance par rapport au site, soit l’éloignement kilométrique de la commune par rapport au CSFMA, a également été utilisée comme indicateur d’exposition potentielle.

L’analyse de mortalité est présentée uniquement avec la population de France métropolitaine comme population de référence. “Chez les hommes, un excès significatif du nombre de décès par cancer “toutes localisations” est observé dans les deux départements (n=12 213 ; SMR=1,06 ; IC95 % : [1,04-1,08]). Parmi l’ensemble des localisations, il existe un excès de mortalité par cancer du poumon (n=3 180 ; SMR=1,12 ; IC95 % : [1,08-1,16]) et par cancer du rein (n=351 ; SMR=1,18 ; IC95 % : [1,06-1,31])”. Chez les hommes, un excès de risque de mortalité par cancer du poumon (RR=1,28 ; IC95 % : [1,03-1,60]) est observé également dans la “zone des 15 km”. Après avoir pris en compte la surdispersion résiduelle observée pour le cancer du poumon chez l’homme par un modèle bayésien hiérarchique, l’excès de risque de mortalité par cancer est à la limite de la significativité (RR=1,26 ; IC95 % : [1,00-1,59]).

“Chez les femmes, un excès significatif de mortalité par cancer du foie est observé” (n=263 ; SMR=1,21 ; IC95 % : [1,07-1,37]).

L’analyse du risque relatif de décès par cancer du poumon montre une augmentation du risque après l’ouverture du site (1998-2007) en comparaison avec ce risque avant l’ouverture du site (1988-1997): le risque est augmenté de +28% après l’ouverture alors qu’aucun excès de risque n’existait auparavant. Cet excès de mortalité persiste depuis lors : il était de de +20% entre 1997 et 2007.

Le nombre de décès par cancer du poumon chez l’homme dans les départements de l’Aube et de la Haute-Marne pour les périodes 1988-1997 et 1998-2007 était respectivement de 2 042 et 2 146. Facteur aggravant, ce site de stockage ne stocke pas de produits nucléaires des centrales mais uniquement des déchets liés à la maintenance (vêtements, outils, filtres…) et au fonctionnement des installations nucléaires (traitements d’effluents liquides ou filtration des effluents gazeux).

Ce rapport à été écrit avant l’accident nucléaire de Fukushima. En conclusion, le rapport de l’Institut National de Veille Sanitaire  ”recommande de poursuivre la surveillance locale des cancers”…et puis c’est tout. Pourquoi les conséquences sanitaires de ce site de stockage n’ont reçu aucun écho dans la presse? Que va entreprendre le ministère de la santé de Xavier Bertrand? Laisser faire? Quelle est la situation réelle autour des autres sites de stockage, en particulier des sites de stockage de matière radioactive? Les populations locales ont-elles été informées? Les rejets dans l’environnement, autorisés depuis 1995 peuvent-ils se poursuivre? Autant de questions légitimes auxquelles nous n’avons pour l’instant pas de réponse.

Source

Étude de mortalité et d’incidence par cancer autour du Centre de stockage de déchets radioactifs de faible et moyenne activité de l’Aube
Goria Sarah, Karusisi Noëlla, DSE Roudier Candice,  Stempfelet Morgane, Vacquier Blandine
Institut National de Veille Sanitaire 08/04/11

A lire :

Article du journal Le Monde du 21 décembre 2010 : Incursion dans un centre de stockage de déchets nucléaires

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