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Les phtalates altèrent les capacités mentales, psychomotrices et comportementales des enfants dès 3 ans

Lorsque les phtalates pénètrent le sang maternel, l’enfant à naître est également contaminé. Plusieurs études ont laissé à penser que cette contamination foetale pouvait altérer le développement mental et comportemental de l’enfant. Un QI faible à été corrélé également à une concentration élevée de phtalate urinaire chez l’enfant. Les groupes de pressions et les personnalités politiques hostiles à toute régulation des phtalates opposaient à cette théorie qu’aucune étude n’avait réellement été menée chez l’enfant niant la nécessité de toute précaution. C’est ce qui a conduit une équipe de scientifiques de l’université Columbia de New York à mener une étude : ils ont d’abord confirmé la contamination maternelle par les phtalates (4 phtalates : DnBP, di-isobutyl phthalate (DiBP), butylbenzyl phthalate (BBzP), et DEHP) au cours de la grossesse, puis ont suivi les enfants en évaluant leur capacité mentale, psychomotrice et comportementale. 319 femmes ont participé à l’essai clinique. Les participantes et leur enfants ont été comparés à un groupe contrôle de femmes  et d’enfants.

Les 4 phtalates ont été détectés dans 84% à 100% des prélèvements urinaires des mamans.

A trois ans, les études menées chez les enfants montrent tout d’abord que les filles obtiennent de meilleurs résultats que les garcons aux tests mentaux et psychomoteurs. Les garcons avaient plus de problèmes d’attention que les filles.

Les scientifiques mettent également en évidence que les concentrations de deux phtalates mesurées au cours de la grossesse (MnBP and MiBP) sont très significativement associées à une réduction du développement psychomoteur des enfants. Chez les filles, la concentration maternelle de MnBP était également étroitement corrélé à un moindre développement mental.

Ils mettent également en évidence que les concentrations urinaires de 3 phtalates sont liés à une augmentation importante et significatives des problèmes comportementaux chez les enfants : plus la concentration de phtalates est élevée, plus les problèmes comportementaux s’aggravent.

Ce n’est pas tout : les concentrations de LMWP étaient significativement associées avec les pires scores des enfants en terme d’attention, de comportement aggessif, de problème de comportement, de dépression et d’externatisation des problèmes.

Ces association étaient retrouvées surtout chez les garçons. Un même phtalate entraînait à 3 ans les pires scores en matière de contrôle des émotions, de pensée sociale, de communication sociale et d’attention aux autres.

Même niés par certains, ces effets dramatiques des phtalates ne sont pas une découverte. En effet dès 2009, une étude coréenne avait déjà montré un lien entre phtalates, troubles du comportement et faible QI chez l’enfant (Cho et al. 2010; Kim et al. 2009).

Comment ces phtalates peuvent-ils être aussi nocifs pour les foetus? Une hypothèse mécanistique est leur action sur les hormones thyroïdiennes (voir article Docbuzz) : DEHP, DnBP et BzBP modulent le fonctionnement thyroïdien et réduisent les taux d’hormones thyrpïdiennes circulantes. Cette réduction a un effet dramatique sur le développement cérébral humain. Les phatalates modulent également la sécrétion de testostérone. DnBP, DiBP, BBzP, et DEHP sont tous capables d’inhiber la sécrétion de testostérone créant une disruption endocrinienne dramatique à ce stade du dévelopement de l’enfant à naitre : l’effet le plus visible est anomalie du développement génital. Mais la testosterone joue également un role prépondérant au cours du développement du cerveau de l’enfant : la testotérone, transformée au niveau cérébral aura pour but d’organiser le cerveau selon un phénotype masculin. La baisse de testostérone serait responsible d’un mécanisme de féminisation du comportement des garcons. (Swan et al. 2010).

Cette étude de l’université de Columbia démontre donc que l’exposition d’une femme enceinte aux phtalates (DnBP, DiBP et BBzP) aura des conséquences sur le développement mental, moteur et psychomoteur de l’enfant, évalué dans la troisième année de sa vie. Cette mise en évidence créé un problème majeur de santé publique écrivent les auteurs. Elle devient articulièrement éclairante sur le role néfaste des phtalates lorsqu’on la confronte aux données épidémiologiques récentes montrant que plus les probèmes comportementaux des enfants de l’école élémentaire (depression, anxiété)  sont aigus, plus les capacités intellectuelles, le language, la capacité d’apprentisage et de mémorisation, l’attention, la rapididté de compréhension, la coordination psychomotrice et l’apprentissage des bases scolaires sont altérés. Les auteurs vont continuer à suivre ces enfants touchés dans leur développement par les phtalates.

 Source

Maternal Prenatal Urinary Phthalate Metabolite Concentrations and Child Mental, Psychomotor and Behavioral Development at Age Three Years
Robin M. Whyatt, Xinhua Liu, Virginia A. Rauh, Antonia M. Calafat, Allan C. Just, Lori Hoepner, Diurka Diaz, James Quinn5, Jennifer Adibi, Frederica P. Perera, Pam Factor-Litvak
ENVIRONMENTAL HEALTH PERSPECTIVES Online 6 September 2011

Crédit Photo Creative Commons by Frederic Poirot

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