Un nouveau traitement des infections urinaires très efficace (chez l’animal pour l’instant)

Un nouveau traitement expérimental des infections urinaires a passé haut la main ses premières évaluations d’efficacité chez l’animal, réduisant une infection qui peut durer des semaines en seulement quelques heures.

« Ce médicament peut bloquer une infection urinaire bien mieux qu’aucun autre traitement auparavant » explique  le Dr Scott J. Hultgren, Professeur de microbiologie à l’Université de Washington : « si ses effets sont comparables chez l’homme, les applications potentielles sont très intéressantes » : les résultats de cette expérimentation sont publiées dans la revue Science Translational Medicine.

La molécule utilisée au cours de ces tests est un dérivé d’un sucre naturel, le mannose, ce qui le rend peut toxique. Les sucres en excès dans le sang étant naturellement dirigés vers les urines, l’absorption de ce composé se retrouve très logiquement là ou l’on souhaite qu’il agisse losqu’une infection  urinaire apparait.

Classiquement 80% à 90% des infections urinaires chez la femme, une pathologie très fréquente, sont causées par des bactéries Escherichia coli. La moitié des femmes seront touchées par de telles infections un jour dans leur vie, et 20% à 40% auront des infections récidivantes dont il est difficile de se débarrasser. Habituellement des antibiotiques sont alors prescrits mais les germes y deviennent souvent résistants.

La bactérie Escherichia coli possède à sa surface de longs filaments qui lui permettent d’adhérer à la paroie de la vessie. Ces longs filaments collent à la paroie de la vessie grace à des protéines qui agissent comme une colle, évitant son évacuation lors de la vidange de la vessie. A la fin d’un traitement antibiotque, quelques bactéries persistent, qui permettront la récidive de l’infection. Cette colle aide également les bactéries à s’agglomérer entre elles, augmentant leur résistances aux médicaments et au défenses immunitaires.

Les scientifiques ont créé des médicaments qu’ils appellent des mannosides parce qu’ils dérivent du mannose : ces médicaments sont capables de bloquer la capacité de la colle bactérienne à adhérer à la surface de la vessie. En comparant l’efficacité d’un mannoside à un antibiotique chez des souris ayant des infections du tractus urinaires, ils ont constaté une guérison bien plus rapide avec les mannosides que sous antibiotiques. Ces mannosides se sont également montrés capables  d’éviter la survenues des récidives d’infections urinaires.

« Au cours d’autres expérimentations que nous avons mené, lorsque nous donnons du mannosides à des souris infectées, la bactérie Escherichia coli devient bien plus vulnérable aux antibiotiques », expliquait le Dr Janetka, un des auteurs de l’étude, « Mais notre résultat le plus intéressant et quand nous avons utilisé le mannoside avec en même temps un antibiotique : les deux molécules avaient ensemble un véritable effet synergique qui permettait rapidement d’éliminer les infections même celles classiquement résistantes aux antibiotiques ».

En plus, selon les scientifiques, il sera très compliqué pour les bactéries de développer une résistance aux mannosides.

Les scientifiques pensent débuter les premiers essais chez la femme à la fin de l’année 2012, tout d’abord des essais destinés à montrer l’absence de toxicité des mannosides. L’université de Washington a déposé un brevet pour ces dérivés des mannosides. Rendez-vous dans quelques années pour les premiers essais cliniques.

Source

Treatment and Prevention of Urinary Tract Infection with Orally Active FimH Inhibitors
Corinne K. Cusumano, Jerome S. Pinkner, Zhenfu Han, Sarah E. Greene, Bradley A. Ford, Jan R. Crowley, Jeffrey P. Henderson, James W. Janetka, Scott J. Hultgren
Science Translational Medicine, 2011; 3 (109): 109ra115

Crédit Photo Creative Commons by Tracy Hunter 

 

 

 

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