Jeudi 8 mai 2014
Ce site respecte les principes de la charte HONcode de HON

Ce site respecte les principes de la charte HONcode.

Vérifiez ici.

Recevez Docbuzz par e-mail

ChargementChargement


Les français sont de plus en plus nombreux à se suicider : un décès sur 50 est causé par un suicide en France

Le maladie suicidaire s’étend en France et son augmentation liée à de nombreux problèmes sociaux et/ou mentaux ne semble pas prête d’être jugulé. 

Une étude menée en France en 2010 auprès de 27 000 personnes montre que 3,9% de la population a eu des pensées suicidaires durant l’année écoulée, avec un maximum dans la tranche d’âge 45-54 ans et que et 0,5% sont passés à l’acte commettant une tentative de suicide. 5,5% des 15-85 ans déclarent avoir tenté de se suicider au cours de leur vie, 7,6% des femmes et 3,2% des hommes. Les deux tiers des suicidés hospitalisés, 90 000 par an, sont d’ailleurs de femmes ayant tenté une intoxication médicamenteuse. 23% récidivent dans les quatre ans. Les tentatives de suicide sont plus élevées entre 20 et 25 ans chez les hommes (0,6%) et entre 15 et 19 ans chez les femmes (2,0%).

Pourquoi les français se suicident-ils?

Chez les hommes, le fait d’avoir subi des violences sexuelles au cours de la vie (OR=3,1) est le facteur de plus important, suivi ldu fait d’avoir subi des violences (hors violences sexuelles) au cours des 12 derniers mois (OR=2,6), le fait de vivre seul (OR=2,1), le fait d’être au chômage (OR=1,8), et la consommation quotidienne de tabac (OR=1,4). Les mêmes causes sont retrouvées chez les femmes où la troisième raison la plus importante est la consommation chronique d’alcool.

Chez les hommes comme chez les femmes, la pauvreté (un faible niveau de revenu), le chômage (OR=1,4) et la consommation quotidienne de tabac (OR=1,4-) sont associés à la survenue de pensées suicidaires.
Il n’est donc pas étonnant de constater que les suicides sont en hausse en France au cours des 12 derniers mois entre 2005 et 2010. Alors que le ministre de la santé déclare vouloir lancer un énième plan, cette fois contre le suicide et en favoriser sa prévention, l’analyse de ces chiffres montre que lutter contre les violences subies par les enfants, lutter contre les violences subies contre les personnes et lutter avec efficacité contre la paupérisation et le chômage devraient avoir un effet très efficace sur le suicide.

Qui et où se suicide t-on en France?

Ce sont surtout des adolescents âgées de 15 à19 ans avec un pic de suicides de 43/10 000 jeunes. Il se réduit ensuite pour remonter à nouveau chez la femme de 40-44 ans. Chez les hommes, le taux le plus important de suicide atteint les 35-39 ans, puis baisse pour remonter après 75 ans. Il existe une grande disparité nationale. Le taux de séjours à l’hôpital pour tentative de suicide est ainsi 4 fois supérieur en Picardie (25,8/ 10 000 hommes) qu’en Alsace (6,8 pour 10 000 hommes) en Alsace. C’est la même chose pour les femmes avec des taux de 10/10 000 femmes en Alsace mais 42,2/10 000 femmes en Picardie. Globalement on se suicide plus dans le nord et à l’ouest de la France.

Comment se suicide t-on?

Dans 85,3% des hospitalizations, et donc des échecs du suicide, celui-ci était conduit par une autointoxication médicamenteuse, dans 3 cas sur 4 à l’aide de médicaments psychotropes. Les ingestions volontaires d’alcool, de produits chimiques, de pesticides, ou au gaz) était la deuxième cause avec 7,1%. La section de veines est utilisée chez 4,9% des cas et la pendaison 1,4%. Viennent ensuite, chacunes utilisées dans moins de 1% des cas, le saut dans le vide, l’utilisation d’une arme à feu, la noyade et la collision intentionnelle soit l’année considérée, la répartition des modes opératoires était proche.

Une prédominance féminine est observée pour les suicides aux médicaments alors qu’il y a une prédominance masculine pour les tentatives de suicide par pendai­son ou par arme à feu .

Et les salariés? Les fonctionnaires sont à très haut risque.

Un réseau de 80 médecins du travail volontaires des départements du Rhône et de l’isère ont participé à une étude voulonté évaluer le risque suicidaire chez les salaries. Des questionnaires ont été rempli par 4128 salariés. Au total, Un risque suicidaire est décrit pour 7% des hommes et 10% des femmes, un  risque qui s’accroit avec l’âge et est plus élevé chez les employés et les ouvriers que chez les cadres. Il existe des différences très importantes entre les secteurs publics et privé. Chez les hommes, les prévalences du risque suicidaire s’étendent de 3,2% pour les cadres d’entreprises à près de 12% et 13% respectivement pour les employés de la fonction publique et les ouvriers non qualifiés. Chez les femmes, c’est également parmi les cadres d’entreprises qu’est observée la plus faible prévalence (6%), alors que les plus fortes (autour de 12%) sont observées chez les employées de la fonction publique, les ouvrières non qualifiées et les personnels de service direct aux particuliers. Ce chiffre retrouvé dans la fonction publique est-il la cause d’une problématique particulière ou simplement la conséquence d’un recrutement déjà à risque? L’étude ne tranche pas ce problème.

Le risque suicidaire selon les sec­teurs d’activité est plus élevé pour les deux sexes dans le secteur de la santé et de l’action sociale (10,8% chez les hommes et 10,3% chez les femmes), dans les secteurs « transports et communications » (8,7%) et « commerce » (8,3%) chez les hommes et chez les femmes, ceux des « activités financières » (11,2%) et de l’« immobilier » (10,3%).

Une population à risque mais oubliée, les prisonniers

50% des décès survenant dans les prisons sont des suicides. Ce suicide a lieu au moment de l’incarcération, lors des placements à l’isolement ou en quartier disciplinaire.`

En 2010,  il y avait 62 000 détenus en France, soit un taux de 117 détenus pour 100 places. 10% des prisonniers français étaient écrouées mais non incarcéré. Les femmes ne représentent que 3,4% des détenus.

La population carcérale change également : les détenus pour homicide volontaire baisse : elle n’étaient que 7% au 1er janvier 2011. Parallèlement, celle des personnes condamnées pour une agression sexuelle a augmenté de 5% à 25% en 2001, tout comme celle des détenus condamnés pour violence volontaires, qui a fortement augmenté depuis le début des années 2000, représentant 26%.

Le taux de suicide atteint 19/10000, soit une multiplication par 4 depuis 1955. Le premier programme d’action pour la préven­tion du suicide en prison a été mis en place en 1995, un an après que le suicide soit institué comme priorité de santé publique au niveau national. Pourtant, au milieu des années 2000, la mortalité par suicide en prison observée en France reste élevée, en particulier comparée à ses voisins européens.

Source

Suicide et tentatives de suicide : état des lieux en France Special issue – Suicide and suicide attempts : review of the current situation in France
Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire
13 décembre 2011 / n° 47-48

Post to Twitter Tweet it Post to Delicious Delicious Post to Facebook Facebook

Articles sur le même sujet