Le risque de survenue d’un infarctus ou d’un accident vasculaire cérébral est nettement augmenté dans les semaines qui suivent la perte d’un être cher, en particulier chez les patients à risque cardiaque, démontre une étude publiée dans la revue américaine Circulation.
Il est déjà clairement établi que la perte d’un être aimé provoque anxiété, colère et symptômes de dépression. Et un stress aigu s’associe à une augmentation du risque cardiaque. Cette perte est un évènement fréquent après 65 ans où 45% des femmes et 15% des hommes deviennent veufs. Il a également été démontré que la mortalité cardiovasculaire est plus élevée dans cette population. Le décès d’une épouse augmente par exemple de 18% de risque de mortalité cardiovasculaire. Toutefois il n’est pas encore clairement établi selon quelle temporalité, l’évènement que constitue la perte d’un être cher, augmente le risque cardiovasculaire.
Des scientifiques ont donc recruté deux populations de patients hospitalisés pour un infarctus en recherchant ceux qui avaient perdu un être cher dans les 24 heures précédant l’hospitalisation et ceux ayant perdu un être cher dans une période allant de 1 à 6 mois auparavant (population contrôle). 1318 hommes et 590 femmes ont été inclus.
Parmi ces 1985 participants, 270 (13,6%) ont déclaré avoir perdu un être aimé dans les 6 mois précédents leur infarctus dont 19 la veille. Il s’agissait d’un parent, d’une épouse, d’un enfant, ou d’un ami très proche.
Les scientifiques ont pu évaluer que le taux d’infarctus aigu est 21 fois plus élevé dans les 24 heures de la mort d’un être proche. Il est encore multiplié par 5 à la fin de la première semaine. Ce risque se réduit chaque jour qui passe mais reste significatif pendant une période d’un mois après le décès.
Ce risque d’infarctus est bien évidemment plus élevé en fonction de la présence d’un risque cardiaque accru : en terme de risque absolu, au sein d’une population à faible risque cardiaque (5% à 10 ans), la perte d’un être cher entraine 1 infarctus pour 3543 personne vivant le drame ; dans une population à risque modéré (10% de risque à 10 ans), 1 infarctus pour 1725 exposées et dans une population à risque élevé (20% à 10 ans), 1 infarctus pour 815 personnes exposées. En revanche les scientifiques retrouvent un risque comparable quel que soit l’âge, le sexe, la fréquence de l’activité physique ou l’existence d’une maladie coronaire.
La perte d’un être cher est un des évènement les plus traumatisant au cours de la vie humaine. Le stress, la colère, l’anxiété ou les symptômes d’un dépression qui l’accompagne peuvent favoriser la survenue d’un infarctus dans les jours qui suivent. Cette phase difficile peut aussi concourir à réduire la compliance à un traitement médical. Il est donc important que médecin et patients connaissent ce risque, en particulier ceux déjà traités pour une maladie cardiovasculaire et donc à risque plus élevé.
Source
Risk of Acute Myocardial Infarction after Death of a Significant Person in One’s Life: The Determinants of MI Onset Study
Elizabeth Mostofsky, Malcolm Maclure, Jane B. Sherwood, Geoffrey H. Tofler, James E. Muller and Murray A. Mittleman
Circulation published online January 9, 2012
Crédit Photo Creative Commons by leiris202
Tweet it Delicious Facebook
Articles sur le même sujet
- Les médicaments efficaces pour réduire les infarctus et les AVC ne sont pas assez prescrits
- La mortalité de l'infarctus a reculé de 15% en 15 ans en France
- Plus le travail dure, plus l'infarctus guette
- Des injections intracardiaque de cellules souches améliorent les patients angineux
- Une puissante étude confirme que dès 55 ans, les facteurs de risque cardiovasculaires menacent gravement votre survie