dimanche 26 juin 2016

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Pour sauver 1 vie, le programme de dépistage du cancer du sein en massacre 10 : un livre réclame son arrêt immédiat

Le programme de détection du cancer du sein n’est plus justifié parce qu’il provoque trop de séquelles chez des femmes qui n’auraient jamais déclaré de cancer clinique. La balance bénéfice/risque des mammographies de dépistage penche par conséquent trop du côté des risques pour qu’il soit maintenu. C’est en substance ce qu’explique dans un ouvrage, Mammography screening: truth, lies and controversy (Mammographies de détection: vérité, mensonges et controverse aux Editions Radcliffe Publishing), le Pr Peter Gøtzsche, directeur du groupe indépendant Cochrane (Nordic Cochrane Collaboration) qui analyse les données des essais cliniques de détection des cancers du sein depuis plus de 10 ans.

Dire que les mammographies de dépistage réduisent la mortalité du cancer du sein de 30 % est un mensonge selonPeter Gøtzsche. Car si le dépistage sauve effectivement une vie pour chaque 2000 femmes qui subissent une mammographie de dépistage, dans le même temps, parmi ces 2000 femmes, elle en massacre aussi 10 qui subiront injustement les affres du traitement. Car explique le Pr Peter Gøtzsche chez ces 10 femmes/2000, les cellules cancéreuses détectées auraient pu disparaitrent d’elles-même ou ne jamais progresser vers un cancer. Ces femmes vont pourtant subir une excérèse et 6 d’entre elles subiront même l’ablation inutile d’un sein. Sans compter la radiothérapie, les chimiothérapies et l’ensemble des répercutions physiques et psychologiques provoquées par le diagnostic et le traitement.

Les données dont disposent dorénavant les scientifiques démontrent que la mammographie de dépistage ne peut plus être considérée comme un outil de santé publique de dépistage du cancer du sein : “Je pense que le moment est venu de se rendre compte que les programmes de dépistage du cancer du sein ne sont plus justifiés » et « je recommande aux femmes de rien faire de particulier sinon consulter leur médecin si elles ont elles-même constaté quelque chose » ajoute encore le Pr Gøtzsche.

Le livre du Pr Gøtzsche  est publié en Angleterre. Une commission de scientifiques et de statisticiens a été nommée et va se réunir pour analyser l’ensemble des données collectées par le Pr Gøtzsche  et vérifier ses conclusions (investigation of the data).

Actuellement en Angleterre comme en France ou dans de nombreux autres pays, un programme de dépistage existe et persiste malgré le manque de preuves scientifiques formelles de leur utilité. D’ailleurs, le National Health Service anglais s’est toujours opposé aux études concluant à l’inefficacité de ces programmes de détections, clamant qu’en Angleterre, le dépistage réduit la mortalité de 35%, un chiffre justement nié par le Pr Gøtzsche.

Car le dépistage du cancer du sein est dorénavant une grosse entreprise qui possède ses lobbys et fait vivre des milliers de médecins, infirmières, chirurgiens, scientifiques à la recherche de bourses comme de nombreuses associations pas toujours caritatives. Nombreux sont ceux qui ont un intérêt financier à ce que le programme de dépistage continu assène encore le Pr Gøtzsche, comparant les défenseurs du dépistage à des fanatiques religieux dont l’attitude hostile bloque les progrès scientifiques.

Pour Gøtzsche, certains des essais cliniques montrant un bénéfice du dépistage étaient biaisés ou mal faits ; il cite l’exemple d’un essai où la cause du décès d’une patiente était validé seulement après que les scientifiques aient eu connaissance de l’existence ou non d’un dépistage chez la femme décédée.

De plus un cancer sur trois diagnostiqué par le dépistage est un mauvais diagnostic. Actuellement la mortalité par cancer du sein a chuté reconnaît Gøtzsche  mais ce progrès est lié à de meilleurs traitements et au fait que les femmes sont plus sensibilisées, n’hésitant plus à aller se faire examiner par leur médecin. D’ailleurs la moitié des cancers du sein sont diagnostiqués en dehors de tout programme de dépistage.

Les informations délivrées aux femmes par le NHS anglais a été très critiqué car le bénéfice potentiel du dépistage était survalorisé et les risques potentiels niés. Une polémique identique est née récemment en France après la publication du livre de Rachel Campergue No Mammo ? (Max Milo).

“Ceux qui aiment les femmes et les femmes elle-mêmes ne doivent plus accepter la désinformation permanente à laquelle elles sont exposées » écrit Gøtzsche dans son ouvrage, “Le déni collectif et la manipulation des données, par exemple concernant les surdioagnostics ou la faiblesse des bénéfices, si tant est qu’il y en ait un, est peut-être le plus grand scandale sanitaire que nous n’ayons jamais connu».

“Des centaines de millions de femmes ont été séduites par l’idée d’un dépistage sans être averties qu’il pouvait leur porter préjudice. Cette violation de leur droits de l’être humain est la principle raison pour laquelle nous avons mené tant de recherches sur les programmes de mammographies de dépistage et finalement écrit ce livre” conclu le Pr Gøtzsche.

En France, une approche similaire à celle du HNS est toujours de mise. La HAS recommande toujours un dépistage du cancer du sein par mammographie tous les deux ans.

Source

Cancer du sein : le dépistage critiqué
Le Point.fr – Publié le 05/10/2011 à 16:4

Le dépistage du cancer du sein par mammographie dans la population générale
HAS Mars 1999

Breast cancer screening cannot be justified, says researcher
The Guardian, 

Crédit Photo Creative Commons by PNNL – Pacific Northwest National Laboratory

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