mercredi 23 décembre 2015

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Deux études confirment que les suppléments en calcium augmentent le risque d’accidents cardiaques et de mortalité chez les consommateurs.


Des suppléments en calcium sont communément recommandés chez les personnes âgées pour maintenir leur santé osseuse. On pense également que cette supplémentation en calcium améliorerait le profil lipidique du cholestérol et favoriserait le contrôle d’une hypertension. Pour l’instant aucune étude sérieuse n’a cependant confirmé les bénéfices cardiovasculaires des suppléments en calcium et au contraire deux études récentes ont mis en garde contre le risque d’infarctus du myocarde chez les consommateurs.

Une équipe de scientifiques allemands et suisses ont mené une première étude prospective pour étudier l’effet des suppléments en calcium sur le risque d’infarctus et d’accident vasculaire cérébral.

Les apports en calcium peuvent se faire par la consommation d’aliments riches en calcium, de lait, ou par la prise de suppléments calciques. Les 23 980 participants ont été séparés en plusieurs groupes : ceux n’ayant que des apports alimentaires (4 groupes en fonction de l’importance des apports) et ceux prenant des suppléments en calcium avec ou sans vitamines ajoutées.

Après onze années de suivi, 354 infarctus du myocarde, 260 accidents vasculaires cérébraux et 267 décès d’origine cardiovasculaires étaient survenus.

La prise de calcium par l’alimentation n’accroit pas le risque cardiovasculaire des consommateurs. Une consommation de calcium d’origine alimentaire de 4,8 g par jour suggérait même une réduction du risque d’infarctus mais seulement chez la femme, ce qui laissait à penser que d’autres éléments que le calcium pouvait être à l’origine de ce faible bénéfice. En revanche, les scientifiques retrouvent une augmentation significative de 86% du risque d’infarctus chez les participants prenant des suppléments calciques. Cette prise de suppléments calciques n’accroit pas le risque d’accident vasculaire cérébral ou la mortalité. Cet effet apparaît pour un temps même de prise de complément calcique court. Ces effets contraires observés entre la consommation de calcium par les aliments et par le calcium pris en supplément sont lié aux métabolismes différents qu’ils subissent une fois dans l’organisme : al prise de suppléments calciques augmente le calcium sérique ce que ne fait pas l’apport par l’alimentation. En cas de carence en calcium il est donc préférable d’y remédier en améliorant les apports alimentaires riches en calcium plutôt qu’en prescrivant des suppléments en calcium qui augmenteront le risque d’infarctus.

La seconde étude a mesuré le taux de calcium (calcium sérique) et de phosphate dans le sang de 1206 personnes ayant une maladie coronaire, qui ont été suivis pendant 8 années. Chez ces patients à risque cardiovasculaire plus élevé, les scientifiques mettent en évidence qu’un taux sérique de calcium élevé augmente le risque de mortalité, un risque multiplié par 2,4 par rapport aux patients comparable ayant un taux de calcium bas. Ils retrouvent également une augmentation de la mortalité toute causes et de la mortalité cardiovasculaire. Ils mettent en évidence que le ratio calcium/albumine, la protéine présente dans le sang à laquelle se fixe le calcium, est un puissant facteur prédictif pour la mortalité totale comme de la mortalité cardiovasculaire.

Ces deux études prospectives confirment toutes d’eux qu’un haut niveau de calcium, en particulier apporté par des suppléments non alimentaires, favorise la survenue d’événements cardiovasculaires. Chez des patients à plus haut risque, le calcium provoque un risque encore accru avec une augmentation du risque de décès non seulement cardiovasculaire mais aussi toutes causes. La prescription ou la prise d’un supplément calcique doit donc être réalisé avec grande précaution ceci d’autant plus qu’existe un risque cardiovasculaire sous-jacent.

Source

Associations of dietary calcium intake and calcium supplementation with myocardial infarction and stroke risk and overall cardiovascular mortality in the Heidelberg cohort of the European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition study (EPIC-Heidelberg)
Kuanrong Li, Rudolf Kaaks, Jakob Linseisen, Sabine Rohrmann
Heart 2012;98:920e925

Calcium, phosphate and the risk of cardiovascular events and all-cause mortality in a population with stable coronary heart disease
Norma Christine Grandi, Hermann Brenner, Harry Hahmann, Bernd Ẅusten, Winfried Marz, Dietrich Rothenbacher, Lutz Philipp Breitling
Heart 2012;98:926e933

Crédit Photo Creative Commons by  Tjflex2

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