mercredi 22 juin 2016

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Sport : les chocs répétés entrainent une démence

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Quelques études récentes (cf article Docbuzz) ont attiré l’attention sur les conséquences neurologiques, potentiellement graves, de la répétition de traumatismes légers du cerveau comme ceux subis au cours de sports tels que le football américain, le football, la boxe ou le rugby. Aux Etats-Unis, on estime à 3,8 millions par an le nombre de ces commotions cérébrales. Au cours d’une seule saison, un joueur de football américain peut en subir plusieurs centaines.

En parallèle, la NFL, la ligue de football américain, a montré que les joueurs de football avaient un  risque beaucoup plus élevé que la population générale de recevoir un diagnostic de trouble débilitant : les joueurs retraités de 30 à 49 ans ont 20 fois plus de risque de souffrir d’une démence, d’une maladie d’alzheimer ou de trouble de la mémoire que des hommes de même âge n’ayant pas pratiqué le football. Ces joueurs professionnels ont 3 fois plus de risque de mourir d’une sclérose latérale amyotrophique ou d’une maladie d’Alzheimer. Une étude ayant réalisée des autopsies de joueurs professionnels se la NFL retrouvait une encéphalopathie post traumatique chez 90% des sujets. Les traumatismes répétés du cerveau, même minimes peuvent-ils être responsables de cette altération neurologique très répandue chez les sportifs pratiquant ces sports violents?

Des scientifiques ont donc comparé, au cours d’un test simple, de jeunes retraités de la NFL à des adultes du même âge : le test consistait à ranger des balles de couleurs dans des tubes le plus rapidement possible selon un ordre défini. Au cours de ce test, les activités cérébrales étaient visualisées et enregistrées par IRM. Si les résultats du test des balles de couleur montrent assez peu de différence entre les deux groupes, en revanche, l’analyse des activités cérébrales révèlent des anomalies bien plus prononcées chez les joueurs de la NFL. Les IRM montrent chez ces sportifs une altération des connectivités cérébrales au niveau du lobe frontal et fronto-pariétal, que le cerveau ne parvient que partiellement à compenser. Les lésions du cerveau visibles à l’IRM étaient corrélées au nombre de commotions subies par les joueurs.

Ainsi, dans l’objectif d’évaluer l’impact des traumatismes cérébraux répétés, l’imagerie cérébrale par IRM apparait bien plus discriminante que des tests fonctionnels. Alors qu’aucun des joueurs n’avaient reçu préalablement de diagnostic d’altération des fonctions cognitives, nombreux sont ceux qui, interrogés plus avant, témoignaient de troubles cognitifs stressant dans leur vie quotidienne.

Le 2012, Gary Goodridge, un célèbre kickboxeur canadien découvrait qu’il ne combattrait plus, atteint par syndrome démentiel. Il est très probable que l’information des sportifs ne soit pas complète et il devient important non seulement d’informer mais aussi de prévenir. Par exemple, si effectivement des coups répétés sur la tête peuvent entrainer cette altération neurologique cérébrale, des plaquages violents au rugby auront le même effet et un casque dans ce cas là ne protège pas. En France, le Dr Sherman consultant du stade français demandait d’ailleurs une meilleure prise en compte et une meilleure protection des joueurs vis-à-vis du risque cérébral. Le rugby est un sport très exposé y compris en amateur, où les commotions cérébrales sont fréquentes. Les fédérations devraient, comme l’a fait la NFL prendre le risque très au sérieux.

Source

Hypoconnectivity and Hyperfrontality in Retired American Football Players
Adam Hampshir, Alex MacDonald, Adrian M. Owenµ
Nature SCIENTIFIC REPORTS, 3 : 2972

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