mardi 19 juillet 2016

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La peste noire du XIVe siècle à modifié le génome humain Européen

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Peut-on trouver encore dans notre génome les traces des épidémies qui dévastèrent les pays Européens? Oui, affirment deux scientifiques qui montrent que la Peste Noire ayant sévi au XIVe exerça une pression positive sur la sélection génétique de l’homme, toujours identifiable et active aujourd’hui, modifiant à jamais notre génome.

Il existe en Roumanie deux groupes ethniques très distincts qui ont refusé tout brassage entre eux depuis plus de 1000 ans ; il s’agit des Roms et des Roumains “de souche”. Les Roms sont un peuple migrant, arrivé du nord de l’Inde entre 900 et 1100 après JC. Un immunologiste d’origine Roumaine mais travaillant dorénavant  au centre médicale de Nijmegen aux Pays-Bas, Mihai Netea, a voulu utiliser cette singularité pour évaluer l’impact génétique qu’avait eu la grande Peste Noire qui au XIVe qui dévasta l’Europe, éradiquant 50% de sa population. Ce type d’évènement a pour effet de sélectionner une population particulière mais aussi de faire évoluer le génome des survivants : certaines versions de nos gènes nous aident à combattre les infections mieux que d’autres et ceux qui possèdent ces gènes ont tendance à faire plus d’enfants, permettant à ce bénéfice génétique de persister et de se développer, ce que l’on appelle la sélection positive.

En vivant au même endroit, en Roumanie, mais sans croisement génétique, les Roms et les Roumains ont conservé des distinctions génétiques. Toutefois, ils ont vécu les mêmes évènements historiques, dont la peste noire. Ainsi les scientifiques ont eu l’idée d’identifier les gènes favorisés par la sélection naturelle de la peste noire en comparant les génomes en 196 000 endroits de Roms (100) et de Roumains (100) dont les différences seraient absentes du génome d’indien du Nord de l’Inde (500°, ancien territoire d’élection des Roms.

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                                          La peste noire de Tournai (1346-1353) – Enterrement des pestiférés

Génétiquement, les Roms, après 1000 ans, varient en fait toujours peu des Indien du Nord-Ouest, Cependant 20 gènes récents, absents du génome des Indiens ont été retrouvés à la fois chez les Roms et les Roumains de souche. Parmi ces 20 gènes, l’un code pour la pigmentation de la peau, un autre est impliqué dans la régulation de l’inflammation, un autre influence la susceptibilité aux maladies auto-immunes. Mais le plus intéressant était cette partie de génome du chromosome 4 codant pour le système immunitaire pour 3 récepteurs de protéines (TLR1, TLR6, et TLR10) capables de s’accrocher sur une bactérie agressive et de déclencher une réponse immunitaire

Les scientifiques ont bien sur testé la capacité de ces 3 récepteurs à interagir avec Yesinia Pestis, la bactérie de  la peste Noire. Ils confirment que la puissance de la réponse immunitaire d’un patient dépend exactement de la séquence génétique de ces 3 récepteurs. Selon eux, cette gènes identiques au sein de deux communautés aux génomes pourtant différents, s’explique par la pression évolutive positive exercée au XIVe par Yersinia Pestis.  Les génomes d’autres peuples Européens portent aussi cet ensemble de gènes, un ensemble inconnu par les peuples Africains où Chinois où la peste Noire reste inconnue.

Mais cet “avantage” génétique aurait sa contrepartie : en effet si ces gènes offrent la particularité de stimuler le système immunitaire en cas d’attaque, ils ont aussi la capacité d’exposer ses porteurs  plus facilement aux maladies auto-immunes.

Source

Convergent evolution in European and Rroma populations reveals pressure exerted by plagueon Toll-like receptors
Hafid Laayounia, Marije Oostingb, Pierre Luisia, Mihai Ioanab, Santos Alonsoe, Isis Ricaño-Poncef, Gosia Trynkaf,2, Alexandra Zhernakovaf, Theo S. Plantingab,c, Shih-Chin Chengb,c, Jos W. M. van der Meerb,c, Radu Poppg, Ajit Soodh, B. K. Thelmai, Cisca Wijmengaf, Leo A. B. Joostenb,c, Jaume Bertranpetita,3, and Mihai G. Netea
PNAS January 2, 2014

Crédit Photo Creative Commons by ultimcodex

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