samedi 7 mai 2016

Docbuzz

Retrouvez Docbuzz sur Twitter

Docbuzz est aussi sur Facebook

Une molécule artificielle peut bloquer l’infection du virus HIV

ghy

Voilà presque 30 ans que la science invente différentes méthodes pour tenter de bloquer le virus du sida. Pour y parvenir, plusieurs équipe travaillent actuellement sur des anticorps d’origine humaine mais d’autres ont tenté la voie de la synthèse artificielle de nouvelles molécules pouvant agir comme des anticorps. Cette nouvelle étude publiée dans la revue Nature marque peut-être un tournant dans la lutte contre le virus du sida car des singes à qui une forme d’anticorps artificiel a été injectée ont réussi à résister au virus du sida.

L’immunologiste Michael Farzan de l’Institut de recherche Scripps en Floride, et son équipe ont construit une molécule artificielle capable d’agir sur le virus VIH au moment ou celui-ci infecte les globules blancs, qu’il va détruire progressivement, et par là même l’immunité du malade. Voilà ce que l’on sait de la manière dont un virus VIH infecte un globule blanc : le VIH infecte les globules blancs en s’attachant en fait à deux récepteurs présents à leur surface. Une protéine présente à la surface du virus appellée gp120, s’attache d’abord à un récepteur CD4 du globule blanc. Cette fixation entraine une rotation de la protéine virale gp120 qui découvre une région du virus qui va à son tour se fixer à un second récepteur du globule blanc appelé  CCR5. La clé est dans la serrure.

La molécule artificielle créée par l’équipe de Farzan va tenter de leurrer le virus en lui offrant une copie du récepteur CD4 et à proximité une copie d’un brin de CCR5 : le virus s’y fixe définitivement et est neutralisé. La molécule a été baptisée eCD4-Ig.

Au cours des études menées in vitro en laboratoire, cette nouvelle molécule s’est montrée bien plus efficace que tous les système d’anticorps connu à ce jour pour neutraliser le virus VIH. Il fallait l’évaluer ensuite in vivo, chez l’animal. Les scientifiques ont pour cela construit un virus  possédant un gène codant pour cette molécule artificielle eCD4-Ig. Le virus injecté dans le muscle des singes est capable de  reproduire la molécule artificielle eCD4-Ig. Une fois le taux de eCD4-Ig suffisant chez les 4 singes, ils ont été infectés par des virus VIH. En 34 semaines de suivi, aucun n’a pourtant été infecté, eCD4-Ig ayant joué son rôle à la perfection en neutralisant tous les virus VIH injectés.

Les virus injectés dans les muscles ont continué à produire eCD4-Ig pendant toute l’expérience sans que les singes ne développent de réponse immunitaire contre cette molécule artificielle, probablement, estiment les scientifiques, parce qu’elle est constituée de molécules connues.

Il reste évidemment beaucoup de démonstrations à réaliser chez l’animal puis ensuite chez l’homme, car le passage de l’animal à l’homme se révèle souvent décevant. En parallèle, les équipes travaillant sur des anticorps humains poursuivent également leur travaux mais la course est engagée et une nouvelle voie de création d’un vaccin contre le virus du sida est grande ouverte.

Source

AAV-expressed eCD4-Ig provides durable protection from multiple SHIV challenges 
Matthew R. Gardner1*, Lisa M. Kattenhorn2*, Hema R. Kondur1, Markus von Schaewen3, Tatyana Dorfman1, Jessica J. Chiang2, Kevin G. Haworth4, Julie M. Decker5, Michael D. Alpert2,6, Charles C. Bailey1, Ernest S. Neale Jr2, Christoph H. Fellinger1,
Vinita R. Joshi1, Sebastian P. Fuchs7, Jose M. Martinez-Navio7, Brian D. Quinlan1, Annie Y. Yao2, Hugo Mouquet8,9, Jason Gorman10, Baoshan Zhang10, Pascal Poignard11, Michel C. Nussenzweig8,12, Dennis R. Burton11,13, Peter D. Kwong10, Michael Piatak Jr14, Jeffrey D. Lifson14, Guangping Gao15, Ronald C. Desrosiers2,7, David T. Evans16, Beatrice H. Hahn5, Alexander Ploss3, Paula M. Cannon4, Michael S. Seaman17 & Michael Farzan1
Nature, Fevrier 2015

Scripps Florida Scientists Announce Anti-HIV Agent So Powerful It Can Work in a Vaccine

 

Crédit Photo : The Scripps Research Institute. L’image montre une partie du virus HIV ( en beige) qui s’attache à 2 récepteurs , CD4 et CCR5. La molécule artificielle eCD4-Ig comprend une partie du récepteur CD4 (rouge), connecté à un morceau du récepteur CCR5 (vert). Ces deux récepteurs se fixent aux sites du virus VIH-1 plus efficacement que n’importe quel anticorps.

 

Articles sur le même sujet