dimanche 3 juillet 2016

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Inhibiteurs du PCSK9 : le prix des nouveaux anti-cholestérol n’est pas légitime estime un groupe d’experts indépendants

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Deux nouveaux anti-cholestérol appelés Inhibiteurs du PCSK9 arrivent sur le marché avec un mode d’action innovant et des prix élevés. Si en Europe le prix n’est pas encore fixé, aux Etats-Unis les fabricants réclament plus de 14 000 dollars par année de traitement. Ce coût est-il légitime? Non, estime un groupe d’experts indépendants qui s’était fait connaitre lors des débats ayant entouré le prix du médicament contre l’hépatite C du laboratoire Amgen. Ils estiment le prix réel à 30% du prix proposé actuellement par ses fabriquants.

Les statines, des médicaments permettant d’abaisser le cholestérol LDL, sauvent des vies en évitant de nombreux accidents cardiaques et cérébraux. Ils sont aujourd’hui très répandus et génériqués dans le monde entier. Mais chez de nombreux patients le cholestérol LDL reste élevé même sous statines et d’autres patients ne supportent pas ces traitements. Environ deux tiers des patients à haut risque de souffrir d’un accident cardiovasculaire n’ont pas à ce jour un taux de cholestérol LDL suffisamment bas. D’où l’intérêt d’une nouvelle classe thérapeutique, les inhibiteurs du PCSK9, des anticorps monoclonaux qui inactivent le gène PCSK9. Des individus qui naturellement ont ce gène inactif ou peu actif ont toujours un taux de LDL bas avaient mis les scientifiques sur la piste de ces traitements.

Deux PCSK9 inhibitors ont déjà approuvés par la FDA américaine, Praluent (alirocumab) pour Sanofi et Régéneron Pharmaceuticals et Repatha (evolocumab) pour Amgen.

Les deux inhibiteurs du PCSK9 possèdent des études cliniques sur quelques milliers de patients ; Repatha abaisse le cholesterol LDL de 54 à 77% chez des patients déjà traités par statines et Praluent de plus de 40% chez le même type de patients. Le coût de traitement demandé au Etats-Unis est de 14 100 dollars pour le premier et 14 600 dollars pour le second.

Dans un rapport rendu public, un groupe d’experts américains (Institute for Clinical and Economic Review) estime ce coût trop élevé au regard des bénéfices apportés pour ces médicaments qui pourraient être utilisés par plusieurs millions de patients. Pour ces experts, si seulement 25% des patients ayant encore un cholestérol trop élevé sous statine étaient traités par un des deux inhibiteurs du CSPK9, la dépense de santé s’élèverait à 20 milliards de dollars aux Etats-Unis. Mais ces médicaments n’ont encore jamais prouvé que la réduction du cholestérol LDL qu’ils entrainent, réduit réellement les évènements cardiovasculaires et la mortalité chez les patients à haut risque cardiovasculaire.

Une telle réduction peut être présupposée au regard d’études antérieures prouvant que plus le cholestérol LDL est abaissé, plus le risque s’abaisse également. Néanmoins, une telle preuve clinique reste indispensable et les résultats des études les évaluant ne seront connus qu’en 2017. Ainsi, les experts estiment, au regard des preuves actuelles le prix acceptable, si une baisse de mortalité de 50% était effectivement prouvée, entre 3615 et 4811 dollars annuels. Mais pour que tous les patients éligibles reçoivent le traitement, ils estiment encore que celui-ci devrait être situé autour de 2200 dollars annuels. 

En juillet 2015, l’EMA, l’Agence Européenne du Médicament a approuvé Praluent, pour abaisser des niveau élevé de cholestérol dans le sang de personnes incapables de contrôler leur cholestérol malgré des doses optimales de stations ou qui ne peuvent pas prendre de statine. Le traitement doit être utilisé en plus d’un régime alimentaire sain et d’autres traitements abaissant les lipides doivent être utilisés également si ils sont tolérés.
Les indications approuvées pour Repetha sont différentes et plus larges ; Repatha est indiqué chez les patients souffrant d’une hypercholestérolémie familiale hétérozygote ou mixte en association à un régime adapté, chez les patients souffrant d’une hypercholestérolémie familiale homozygote, ainsi que chez les patients sous statine dont le LDL n’est pas controléChaque pays Européen sera donc amené prochainement à fixer un prix pour ces médicaments. Gageons que les discussions tourneront bien sûr autour du prix.

Un point reste cependant non discuté par les agences Américaines ou Européennes ; si toutes deux recommandent ce traitement en association à un régime adapté, rien ne prouve que les patients inclus dans les études suivaient effectivement un régime adapté. Or, la mise en place d’un régime adapté lors de la détection d’une hypercholestérolémie favorise la baisse du cholestérol LDL et permet parfois de le normaliser si le régime est correctement suivi et que de l’exercise physique y est associé (en  tout cas chez les patients n’ayant pas d’hypercholestérolémie d’origine génétique homozygote ou hétérozygote). Toutes les sociétés de cardiologie, Américaines comme Européennes recommandent ce type de régime. Encore faut-il que les médecins consultés soient capables de le prescrire et de le faire suivre à leurs patients. Dans la cas contraire, ce qui est effectivement la majorité, la solution de facilité est évidemment de prescrire un traitement alors qu’une modification des comportement alimentaires est nécessaire. Cette solution de facilité va continuer à coûter chez à la communauté.

Sources

PCSK9 Inhibitors for Treatment of High Cholesterol: Effectiveness, Value, and Value- Based Price Benchmarks. Draft Report 
A Technology Assessment Draft Report
September 8, 2015
Institute for Clinical and Economic Review

New Drug Sharply Lowers Cholesterol, but It’s Costly

Diet and Exercise in the Management of Hyperlipidemia
ROBERT B. KELLY, MD, MS, Fairview Hospital/Cleveland Clinic Family Medicine Residency Program, Cleveland, Ohio

Crédit Photo Creative Commons by  stevendepolo

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